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A Sion, les sonorités de l'espace alpin valaisan résonnent au musée
05.06.2024 – Les sonorités de l'espace alpin font résonner les murs du centre d'exposition du Pénitencier à Sion. Intitulée "Valais Sound System" et développée par le Musée d'histoire, l'exposition donne à entendre le Valais et son évolution au cours du XXe siècle. A voir et à écouter du 8 juin au 12 janvier 2025.
Dans l'ancien pénitencier, une rumeur s'élève. "C'est une exposition qui se visite avec les oreilles et dans laquelle il faudrait entrer en silence", prévient d'emblée son commissaire Samuel Pont, conservateur du département époque moderne et contemporaine du Musée d'histoire du Valais. L'idée est "d'être baigné dans une sorte de magma et de devoir s'approcher, entrer dans les différentes cellules pour discerner clairement ce qui sort des haut-parleurs installés dans chaque pièce", ajoute-t-il.
"Valais Sound System" veut mettre la dimension sonore - qui est là au quotidien, mais dont on n'a pas toujours conscience - au centre du propos. Il s'agit ensuite d'utiliser ce "fil rouge comme un outil d'enquête pour questionner le territoire valaisan et son histoire afin d'enrichir notre connaissance à son sujet", explique encore mercredi l'ethnologue lors d'une conférence de presse.
L'exposition "interroge les patrimoines, les représentations et les imaginaires qui se construisent autour de ces sonorités, dont certaines se sont chargées d?une forte valeur symbolique", complète le chef du service de la culture Alain Dubois. Ce sont donc principalement des sons issus de l'activité humaine qui emplissent
les murs du centre d'exposition.
Trois parties
"Ecouter un territoire, c'est commencer par écouter sa musique, s'y immerger", détaille Samuel Pont. La première salle de l'exposition est ainsi dédiée aux pratiques musicales révélatrices d'un territoire et d'une société. Dans cette partie, on parle cors des Alpes, festivals au sommet, fanfares politiques, ou encore rituels sonores qu'ils soient religieux - cloches d'église - ou profanes - vacarmes carnavalesques.
"Durant le XXe siècle, les modes de vie changent rapidement et radicalement avec le développement de l'industrie, de la communication, du tourisme, ou encore du trafic routier et aérien. Tous ces bouleversements entrainent une modification radicale de l'environnement sonore", explique Samuel Pont. C'est cette évolution notamment qui est thématisée dans la deuxième partie de l'exposition.
Il est aussi question de la pollution sonore qui devient un enjeu dès les années 1930 ou de la réduction de la biodiversité avec la perte de certains oiseaux et de leurs chants. On y aborde aussi le silence comme "représentation fantasmée peut-être de l'environnement alpin qui se heurte à la réalité acoustique", note
l'ethnologue, en référence à des cas de conflits de voisinage liés au bruit des cloches des vaches, par exemple.
La troisième partie est dédiée à la conservation de ce patrimoine immatériel que constituent les sons. La modernité apporte aussi les outils qui permettent de les enregistrer et, parallèlement, se développe la volonté de conserver les sonorités en voie de disparition, note l'ethnologue.
Créations sonores et recherche
Deux créations sonores réalisées par l'EDHEA (Ecole de Design et Haute Ecole d?Art du Valais) et une oeuvre de l'artiste Abril Padilla constituent la "bande originale" du parcours. L'exposition est complétée par une publication à laquelle ont participé une quinzaine d'auteurs et d'autrices sous la direction de Nelly
Valsangiacomo, historienne et professeure ordinaire à la section d'histoire de la faculté des lettres de l'Université de Lausanne.
Ce livre "a l'ambition de figurer parmi les ouvrages de référence consacrés à une approche par les sciences humaines et sociales de la question des sonorités dans les Alpes", précise Patrick Elsig, directeur du Musée d'histoire du Valais. Il est accompagné par un vinyle, édité pour l'occasion, et qui conserve l'une des créations sonores de l'exposition.
En écho à l'exposition principale, les espaces permanents des trois musées cantonaux accueillent des installations sonores, comme autant de résonances complémentaires, glisse encore Alain Dubois. Ainsi, au Musée d'art, le public pourra par exemple écouter la voix du bois de Finges ou, au Musée de la nature, l'agonie d'un glacier grison.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)