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Biologie - La communication par la danse perd de son importance chez les abeilles
15.02.2019 – L’environnement construit urbain pousse les abeilles à modifier leur stratégie pour indiquer à leurs congénères la direction et la distance des sources de nourriture, selon une étude de chercheurs lausannois.
(ATS/AGIR) - Robbie I'Anson Price, de l'Université de Lausanne (UNIL), et Christoph Grüter, de l'Université de Mayence (D), rapportent dans la revue Science Advances que des abeilles ayant "appris" à renoncer à ce mode de communication s'en sortent mieux dans un environnement périurbain que celles qui s'y fient pour trouver nectar et pollen.
Les chercheurs ont ainsi privé certaines colonies installées sur le site de l'UNIL de cette faculté de communiquer en recouvrant une partie des ruches de manière à ce que les abeilles exploratrices ne puissent voir le ciel lorsqu'elles rentrent. Ainsi, elles ne disposaient pas de la lumière polarisée qui leur permet d'orienter leur danse.
"C'est comme si tout à coup les messagères se mettaient à parler en charabia", a expliqué à Keystone-ATS M. I'Anson Price. Conséquence: les abeilles réceptrices ont vite compris que les informations transmises par leurs congénères n'étaient pas fiables, et la ruche a changé de stratégie en augmentant d'un quart le nombre de butineuses envoyées en quête de nourriture. Et cela s'est avéré payant puisqu’au terme de l'étude, ces ruches avaient pris davantage de poids que celles dont le mode de communication était resté inchangé. Pour les chercheurs, c'est l'environnement façonné par l'être humain qui est en cause, avec en l'occurrence de nombreuses sources de nourriture, mais de faible qualité.
"Si une source de nourriture est difficile à trouver, mais de grande qualité, alors la dépense en temps et en énergie de la communication par la danse en vaut la peine", estime Robbie I'Anson Price. Cette danse est apparue au cours de l'évolution à une époque où le paysage n'était pas encore imprégné par l'être humain et où ce type de sources de nourriture de haute valeur était plus fréquent.
Aujourd'hui, les abeilles ont plutôt affaire à de larges étendues présentant de nombreuses sources nutritionnelles de faible qualité. Dès lors, "nos résultats tendent à indiquer que la danse n'est plus adaptée à un environnement façonné par l'être humain", conclut le spécialiste.
Dans le monde entier, et particulièrement en Europe et en Amérique du Nord, les abeilles sont décimées depuis le début des années 2000 par un mal mystérieux, "le syndrome d'effondrement des colonies", qui se traduit par des pertes comprises entre 30% et 90%. Sur le banc des accusés: les pesticides, des virus, des champignons, des parasites ou encore la malnutrition résultant de cultures moins variées et de fleurs moins nombreuses.
Auteur : ATS/AGIR