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Bientôt un robot conçu par Chat-GPT pour récolter des tomates?
14.06.2023 – Et si un robot conçu par Chat-GPT récoltait des tomates? Des chercheurs de l'EPFL ont utilisé cette technologie pour mettre au point une pince robotique destinée à la cueillette des tomates. Il s'agit de la première démonstration du potentiel de l'intelligence artificielle pour collaborer avec les humains à la conception de robots, selon la haute école.
Dans une étude de cas publiée dans la revue Nature Machine Intelligence, Josie Hughes, responsable du Laboratoire de conception et de fabrication de robots informatiques de la Faculté des sciences et techniques de l'ingénieur, a utilisé Chat-GPT pour concevoir un robot cueilleur de tomates. Il a été épaulé par Francesco Stella, doctorant à l'EPFL, et Cosimo Della Santina de l'Université de Technologie de Delft aux Pays-Bas.
Cette étude fournit un cadre permettant aux êtres humains et aux réseaux neuronaux appelés grands modèles de langage (LLM), tels que Chat-GPT, de concevoir de tels dispositifs de manière collaborative.
"Stimuler la créativité humaine"
"Bien que Chat-GPT soit un modèle de langage et que son code soit généré sur la base de texte, il a fourni d'importantes informations et intuitions pour la conception physique, et a montré un grand potentiel pour stimuler la créativité humaine", affirme Josie Hughes, cité dans un communiqué de l'EPFL publié mercredi.
Dans une première phase, les chercheurs et le LLM se sont engagés dans une discussion génératrice d'idées pour définir l'objectif, les paramètres de conception et les spécifications de leur robot.
Une seconde phase a été consacrée à la réalisation du robot dans la réalité, impliquant d'affiner le code généré par le LLM, de fabriquer le dispositif et de résoudre les soucis de fonctionnement.
Pour la première phase, ils ont commencé à un niveau conceptuel élevé, en discutant avec le LLM des défis à venir de l'humanité et en identifiant la cueillette robotisée comme une solution au problème de l'approvisionnement alimentaire mondial.
Ils ont ensuite alimenté le LLM en données globales provenant de publications universitaires, de manuels techniques, de livres et de médias pour fournir la réponse "la plus probable" à des questions telles que "quelles caractéristiques doit avoir un robot cueilleur?".
Risques logiques et éthiques
Une fois qu'un format robotique de base a été identifié (une pince motorisée pour saisir des tomates mûres), les scientifiques peuvent poser des questions plus spécifiques comme "quelle forme doit avoir la pince?". Ils peuvent aussi demander au LLM de faire des suggestions techniques, notamment sur les matériaux et le code informatique pour commander le dispositif, poursuit l'EPFL.
"Alors que l'informatique est largement utilisée pour aider les ingénieurs dans la mise en ½uvre technique, pour la première fois, un système d'IA peut concevoir de nouveaux systèmes, automatisant ainsi des tâches cognitives de haut niveau. Les rôles des êtres humains pourraient ainsi devenir plus techniques", explique pour sa part Francesco Stella.
Vu que chaque mode de collaboration comporte des risques logiques et éthiques, les scientifiques soulignent que "le rôle des LLM doit être attentivement évalué à l'avenir". "Par exemple, l'utilisation de LLM soulève des questions de partialité, de plagiat et de propriété intellectuelle, car on ne sait pas si une conception générée par un LLM peut être considérée comme nouvelle".
Auteur : ATS