Main Content
Comment nourrir sainement 10 milliards d'humains d'ici 2050 tout en préservant la planète?
17.01.2019 – Il faut diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre et doubler celle des fruits, des légumes et des noix, plaident des spécialistes.
(ATS/AGIR) - "La façon dont nous mangeons est l'une des causes principales du changement climatique, de la perte de biodiversité et des maladies non-transmissibles", a expliqué à l'AFP le professeur Tim Lang, de l'Université de Londres. Il est l'un des auteurs de l'étude coréalisée par la revue médicale The Lancet et l'ONG Fondation EAT. "De la même manière que notre système alimentaire a radicalement changé au XXe siècle, nous estimons qu'il doit changer radicalement au XXIe", a-t-il ajouté.
Pour protéger sa santé et l'environnement, il faudrait selon les spécialistes consommer chaque jour en moyenne 300 grammes de légumes, 200 grammes de fruits, 200 grammes de graines entières (riz, blé, maïs, etc.), 250 grammes de lait entier (ou équivalent), mais seulement 14 grammes de viande rouge, soit dix fois moins qu'un steak de taille classique. Ils préconisent ainsi une "transformation radicale" de nos habitudes alimentaires. A défaut de viande rouge, les protéines pourraient provenir de la consommation de volaille (29 g), de poisson (28 g), d'œufs (13 g) voire de noix en tout genre (50 g), préconisent ces experts. Selon eux, un tel régime permettrait d'éviter environ "11 millions de décès prématurés par an" dans le monde, soit un cinquième du nombre total de morts, alors que la population mondiale atteindra 10 milliards d'individus d'ici 2050.
Ce rapport, qui a mobilisé pendant trois ans 37 experts de 16 pays, établit un "régime de santé planétaire". Son but: garantir un "équilibre entre les besoins en matière de santé humaine et les impacts environnementaux". "Cela ne signifie pas que la population mondiale devrait manger exactement le même ensemble d'aliments", soulignent les spécialistes.
Ce "régime complet" pourra être adapté localement selon "la culture, la géographie et la démographie". Ses objectifs globaux cachent évidemment d'énormes disparités selon le niveau de développement et la culture des pays. A titre d'exemple, la consommation quotidienne moyenne de viande rouge aux Etats-Unis est actuellement évaluée à 280 grammes environ, ce qui impliquerait de la diviser par vingt. "Plus de 820 millions de personnes n'ont toujours pas accès à suffisamment de nourriture, 2,4 milliards de personnes surconsomment, et au total, environ la moitié de la population mondiale a un régime alimentaire marqué par des carences en nutriments", selon le rapport.
Au-delà de la façon dont chacun s'alimente, les experts prônent un changement radical dans les modes de production (arrêter de se concentrer sur un faible nombre de culture, limiter l'expansion des terres agricoles qui grignotent les forêts, éviter la surpêche...). Autre impératif selon eux: réduire de moitié le gaspillage alimentaire et les pertes lors du processus de production.
Le rapport a été fraîchement accueilli par l'industrie agroalimentaire. "Il fait des propositions extrêmes pour attirer un maximum d'attention, mais nous devons être plus responsables lorsqu'il s'agit d'établir des recommandations en matière de nutrition", a réagi Alexander Anton, responsable de l'Association laitière européenne.
Auteur : ATS/AGIR