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Commerce de détail - La vente de Globus, dévoilée à la surprise générale par Migros, s'annonce ardue
02.08.2019 – Si en Suisse seul le patron des grands magasins a officiellement déclaré son intérêt pour une reprise, des acteurs internationaux - notamment des fonds d'investissement - pourraient jeter leur dévolu sur l'enseigne qui veut résolument se positionner dans le haut de gamme.
(ATS/AGIR) - Depuis l'annonce début juillet de la cession de Globus, aux côtés d'autres enseignes spécialisées (Gries Deco, Interio, m-way), quasiment aucun repreneur ne s'est manifesté publiquement pour racheter l'enseigne de grands magasins, acquise en 1997 par la Coopérative.
Seule exception, Thomas Herbert s'est très rapidement positionné pour reprendre l'enseigne qu'il dirige depuis 2015 et dont il détient un peu moins de 3%. Interrogée par AWP, une porte-parole a indiqué que Thomas Herbert était toujours intéressé par les activités et l'immobilier de Globus, qu'il pourrait acquérir dans le cadre d'un rachat par la direction de l'entreprise ("Management buy-out" ou MBO).
Interrogé sur la forme que pourrait prendre la future cession, une porte-parole de Migros a précisé que le groupe "avait une claire préférence pour un acquéreur qui investit dans la société et poursuit son développement". La forme que prendra la cession doit être définie "dans les prochaines semaines", a-t-elle souligné.
Dans l'immédiat, les investisseurs ne semblent pas se bousculer au portillon. L'entrepreneur suisse Philippe Gaydoul, ex-patron du discounter Denner (également dans le giron de Migros), a récemment déclaré au journal Handelszeitung ne pas être tenté par un rachat de l'enseigne. Autre investisseur potentiel: le groupe Maus Frères, qui détient notamment les grands magasins Manor et les enseignes de bricolage Jumbo. Contactée par AWP, une porte-parole de la discrète société genevoise a indiqué "ne pas s'exprimer" à ce sujet.
Des pistes existent pourtant et elles mènent à l'étranger. En Autriche notamment, où le nom de la société immobilière Signa Holding, qui détient les enseignes allemandes Karstadt et Kaufhof, circule dans les médias. De grands fonds d'investissement pourraient également entrer dans le jeux, notamment l'américain KKR - qui a investi dans le suisse Selecta - ou le français Unibail Rodamco Westfield, qui se décrit comme étant le 1er opérateur mondial de centres commerciaux en France, Autriche, Allemagne et Italie. Le britannique Hammerson, qui détient une participation dans le Fashion Outlet de Landquart, pourrait également constituer une piste.
Ni Hammerson, ni Unibail ont répondu aux sollicitations d'AWP, mais une source bancaire proche du dossier a estimé que de grands investisseurs pourraient très bien s'intéresser à Globus. "Des fonds d'investissement internationaux pourraient être des acquéreurs potentiels. Un propriétaire étranger ne serait pas une mauvaise solution, car les concepts de grands magasins sont de plus en plus globalisés", a estimé cette source sous couvert d'anonymat.
Avec ses quelque 2600 employés, Globus a dégagé l'année dernière des recettes de 808 millions de francs, en baisse de 5,7%. Selon le cabinet d'études Euromonitor International, les grands magasins Globus arrivent en troisième position avec une part de marché en Suisse de 14,6% en 2018, derrière Coop City (18,8%) et Manor (61,5%).
Mais face à la concurrence des grands centres commerciaux et du commerce en ligne, les grands magasins tirent la langue. Alors que les ventes cumulaient à 4,1 milliards de francs en 2018, les recettes devraient reculer à 3,6 milliards d'ici 2023, selon Euromonitor International. Pour Maxim Hofer, analyste auprès du cabinet britannique, "les grands magasins doivent fournir de considérables efforts de modernisation en matière d'expérience numérique, de design intérieur et de présentation des produit (...), mais cela représente des investissements significatifs que Migros ne voulait apparemment pas effectuer."
Auteur : ATS/AGIR