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Coronavirus: commerce et consommation d'animaux sauvages en Chine
27.01.2020 – Même si les conclusions sur l'origine de l’épidémie ne sont pas encore connues, les autorités sanitaires chinoises incriminent les espèces sauvages qui étaient illégalement vendues sur le marché de Wuhan, au centre de la Chine. Les autorités ont donc annoncé dimanche une interdiction temporaire du commerce d'animaux sauvages pour tenter d'enrayer l'épidémie de pneumonie virale
(ATS/AGIR) - L'élevage, le transport ou la vente de toutes les espèces animales sauvages sont interdits "à partir de la date de l'annonce jusqu'à la fin de la situation épidémique nationale", selon une directive conjointe émise par trois agences de haut niveau, dont le ministère de l'agriculture.
L'apparition d'un nouveau coronavirus en Chine montre, selon des scientifiques, que le commerce d’animaux sauvages est une pratique répandue et représente un risque croissant pour la santé humaine. Comme le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), ce nouveau virus aurait pour origine des animaux sauvages vendus à des fins de consommation humaine. Le marché proposait à la vente des animaux vivants aussi variés que des rats, des louveteaux et des salamandres géantes.
Le commerce de la viande en provenance de ces animaux, couplé à la destruction des zones d'habitat sauvage, conduisent les humains à avoir des contacts de plus en plus étroits avec les virus dont ils sont porteurs et qui peuvent se propager rapidement dans notre univers ultra-connecté, a expliqué Peter Daszak, président d'EcoHealth Alliance, une ONG spécialisée sur la prévention des maladies infectieuses.
Selon le projet Global Virome qui a pour objectif d'améliorer la manière de faire face aux pandémies, il existe plus d'1,7 million de virus non découverts au sein de la faune sauvage, dont près de la moitié pourraient être néfastes pour les humains. "La nouvelle norme est que les pandémies vont se produire plus fréquemment", a affirmé Peter Daszak, soulignant que "nous sommes de plus en plus en contact avec des animaux qui sont porteurs de ces virus".
L'origine animale de plusieurs maladies infectieuses apparues depuis les années 1980 a été identifiée: la civette - un petit carnivore - pour le Sras, qui avait des centaines de victimes en Chine et à Hong Kong en 2002-03, la chauve-souris pour Ebola et le singe pour le sida.
Même de la volaille et le bétail peuvent être à l'origine de maladies comme Creutzfeldt-Jakob ou la grippe aviaire.
"Pour l'avenir des espèces sauvages et pour la santé humaine, nous devons réduire la consommation de ces animaux sauvages", a déclaré Diana Bell, biologiste spécialiste des maladies et de la conservation de la faune sauvage à l'université d'East Anglia (Grande-Bretagne).
La consommation de viande provenant de ces animaux n'est cependant pas nécessairement dangereuse en elle-même, la plupart des virus meurent une fois que la bête porteuse a été tuée. Mais les éléments pathogènes peuvent se transmettre aux humains lors de la capture, du transport ou de la mise à mort en particulier dans de mauvaises conditions sanitaires ou en l'absence d'équipement de protection.
Les autorités chinoises ont essayé de résoudre le problème en encourageant l'élevage en captivité de ces animaux. Cela comprend notamment des espèces en danger comme les tigres, très appréciés en Chine et en Asie en raison des vertus, notamment aphrodisiaques, qui leur sont prêtées. Selon des groupes environnementaux, la demande chinoise, alimentée par la hausse du pouvoir d'achat des consommateurs, est le principal moteur du commerce mondial de cette viande. La demande est également soutenue par une industrie agro-alimentaire chinoise qui suscite la méfiance après de nombreux scandales, selon Yang Zhanqiu, biologiste à l'université de Wuhan.
"Il est très difficile d'arrêter une activité qui a 5000 ans de tradition culturelle", reconnait Peter Daszak. Ce dernier veut croire que les nouvelles générations se détournent de ces habitudes alimentaires, en particulier grâce à des campagnes de défense des animaux soutenues par des célébrités chinoises. "Je pense que dans 50 ans, ce sera une chose du passé", dit-il.