Main Content
De l'huile de palme sans déforestation et bilan carbone positif
24.01.2022 – Des scientifiques de l’EPFL et de l’institut fédéral WSL ont étudié la transformation de savanes en cultures de palmiers à huile, une alternative n’impliquant pas de déforestation. Ils montrent que l’adaptation des méthodes culturales permettrait d’améliorer le bilan carbone de ces plantations et de contribuer à réduire leur impact environnemental.
Sous sa forme actuelle, la production d’huile de palme participe drastiquement à la déforestation et à la disparition de la biodiversité, crée des tensions sociales et a un bilan carbone très lourd. Mais elle est aussi un produit utilisé dans le monde entier, avec une demande énorme, peu cher et dont dépendent - aussi - d’innombrables petits producteurs en zones tropicales, écrit l'EPFL lundi dans un communiqué.
Dans le cadre du projet "Oil Palm Adaptive Landscape"s financé par le Fonds national suisse et mené par l’ETH Zurich, Juan Carlos Quezada, alors doctorant au Laboratoire des système écologiques (ECOS) de l’EPFL, et des scientifiques de l’Insitut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), ont étudié différentes alternatives à la production actuelle. Notamment l’utilisation de pâturages et savanes dégradés, des surfaces importantes en Amérique du sud.
Un bilan carbone positif
En Colombie, quatrième producteur mondial d’huile de palme, des savanes et des pâturages dégradés ont été transformés en culture de palmiers à huile. Les sols de ces régions abritant peu d’arbres, leur utilisation n’implique pas de déforestation, évitant ainsi l’émission massive de CO2 qu’elle provoque.
"La transformation de forêts tropicales en cultures de palmiers à huile a un bilan carbone extrêmement négatif. Par hectare, la quantité de carbone émise est à peu près de 170 tonnes plus importante que pour une plantation sans déforestation", indique Alexandre Buttler, professeur honoraire à l’EPFL et directeur du laboratoire ECOS jusqu’à sa retraite en 2019.
Pas de perte
Alors que dans le cas d’une savane dégradée, le bilan est même positif: cette nouvelle utilisation permet de gagner en moyenne 40 tonnes de carbone sur un cycle de culture d’environ 30 ans, en incluant la biomasse aérienne, celle des racines et la matière organique du sol.
La plantation de palmiers à huile sur une surface dépourvue d’arbres ajoute en effet de la biomasse aérienne (les troncs, les feuilles) et souterraine (les racines), qui vont stocker du CO2. Le sol, lui, n’en perd quasiment pas, comme l’a montré l’étude de plantations de différents âges.
Gestion adaptative
Juan Carlos Quezada a également mesuré l’impact des pratiques culturales sur la teneur en carbone des sols. "En absorbant le CO2, les sols contribuent à lutter contre le réchauffement climatique et maintiennent mieux leur fertilité sur le long terme", explique l’ancien doctorant.
Juan Carlos Quezada a constaté qu’en adaptant la gestion des cultures, une quantité plus importante de carbone pourrait être fixée. Optimiser leur gestion, voire stimuler l’enrichissement en carbone du sol d’une autre zone, entre les rangées de palmiers par la régénération d’une végétation naturelle, offre des perspectives intéressantes pour augmenter la fertilité des sols à long terme, mais aussi leur biodiversité.
Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue Global Change Biology. Les scientifiques soulignent toutefois que les savanes sont des écosystèmes uniques avec une vaste biodiversité. La priorité doit être donnée à leur conservation.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)