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Des experts appellent à une action rapide contre la moule quagga
09.04.2025 – Des experts appellent à une action rapide contre la moule quagga, espèce invasive qui colonise les lacs suisses. Les mesures devraient être mises en oeuvre le plus rapidement possible et sur l'ensemble du territoire, a souligné l'Institut Eawag.
Les mesures doivent en outre être coordonnées avec les pays voisins, écrit l'Institut fédéral de recherche sur l'eau (Eawag) mardi dans un communiqué. Ces recommandations sont issues d'un rapport rédigé par les experts de l'Eawag sur mandat de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et de la Commission fédérale
d'experts pour la sécurité biologique.
La moule quagga, originaire de la mer Noire, se répand rapidement dans les eaux suisses depuis une dizaine d'années. L'espèce modifie fondamentalement les écosystèmes, ce qui a notamment pour conséquence que les poissons trouvent moins de nourriture.
De plus, elles bouchent les conduites d'eau, ce qui nécessite des travaux d'entretien extrêmement coûteux. D'après Piet Spaak, biologiste et expert du mollusque à l'Eawag, il est question de centaines de millions de francs pour toute la Suisse.
Les auteurs du rapport fournissent des recommandations concrètes pour endiguer la propagation de la moule quagga. "Pour être vraiment efficaces, ces mesures doivent être appliquées le plus rapidement et globalement possible", explique Piet Spaak, cité dans le communiqué.
Selon le spécialiste, il faut procéder au moins une fois par an à une analyse d'ADN environnemental dans les lacs non contaminés. Cette démarche permet de déceler précocement une éventuelle colonisation par la moule quagga.
Mieux nettoyer les bateaux
Le rapport révèle qu'en Suisse, la moule quagga est essentiellement transportée par les bateaux de plaisance. C'est là que les auteurs voient le levier le plus important: les mesures de protection à grande échelle, comme l'obligation de déclarer et de nettoyer les bateaux, sont les mieux à même d'éviter que la moule quagga ne
s'implante dans les eaux épargnées jusqu'à présent.
De telles prescriptions ont déjà été introduites autour du lac des Quatre-Cantons, dans le canton de Berne et de manière similaire dans le canton d'Argovie au lac de Hallwil. Les cantons de Saint-Gall, des Grisons et de Zurich y ont adhéré en avril 2025; d'autres, comme Glaris, suivront.
Les auteurs identifient également des lacunes dans les connaissances autour du nettoyage des bateaux. Sur ce point, des méthodes détaillées et éprouvées, des stations de nettoyage supplémentaires ainsi qu'une recherche adaptée à la pratique pourraient être utiles, selon le rapport.
Elaborer des scénarios clairs
Pour comprendre les conséquences à long terme sur les écosystèmes, la recherche s'appuie actuellement sur les expériences des lacs d'Amérique du Nord, où la moule quagga est apparue 20 ans plus tôt qu'en Europe. L'opinion publique a néanmoins grand besoin d'une estimation spécifique des conséquences pour les eaux suisses, selon l'Eawag.
Les scientifiques proposent d'analyser les lacs concernés au moins une fois par an de manière standardisée. Les lacs sélectionnés qui ont par le passé été étudiés en détail par des instituts de recherche doivent être surveillés avec plus de précision en prélevant chaque année ou tous les deux ans des échantillons à divers endroits et à différentes profondeurs.
Depuis le 1er avril 2025, un nouveau service spécialisé pour la moule quagga à l'Eawag est à la disposition des responsables en tant qu'interlocuteur. Il est financé par l'OFEV et l'Eawag.
Impossible à éradiquer
La moule quagga (Dreissena rostriformis) se trouve dans les lacs, les rivières à faible débit et les estuaires. Sa présence modifie profondément les écosystèmes. Elle a à la fois un impact sur les conditions de luminosité dans l'eau et sur la chaîne alimentaire.
Ce mollusque affecte aussi l'utilisation des eaux par les populations humaines. Elle vient notamment boucher les conduites des installations de distribution d'eau et des systèmes de refroidissement.
Une fois qu'elle s'installe quelque part, la moule quagga est impossible à éradiquer. Dans les lacs suisses touchés, la biomasse de ce mollusque au mètre carré pourrait être multipliée par 9 à 20 au cours des 20 à 30 prochaines années. Il n'existe actuellement aucune mesure de lutte applicable en Suisse.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)