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Des produits végétariens à contre-courant de la demande
27.06.2024 – Les grands distributeurs ne cessent de développer leurs assortiments végétariens et végans, alors que les Suisses continuent de plébisciter la viande. Malgré cette contradiction, ils entendent maintenir leur stratégie marketing dans l'attente d'un changement du marché plus ou moins rapide.
Les produits végétariens et végans représentent environ 30% des achats chez Migros. "L'assortiment végétarien et végan répond à une demande. Il y a bien sûr des régions où les alternatives à la viande sont plus appréciées qu'ailleurs. Chaque gérant de magasin va commander les produits selon ses besoins", souligne un porte-parole de Migros. Le géant orange n'a pas l'intention de changer de stratégie marketing en la matière. Il continuera donc d'étoffer l'assortiment, comme il l'a fait ces dernières années.
A titre d'exemple, la marque V-Love, qui propose des substituts de viande et de lait à base de plantes, comptait 190 articles l'année dernière. En 2022, la gamme comprenait quelque 150 produits et en 2021 seulement 130, selon les rapports annuels du groupe.
Ces dernières années, Coop n'a cessé également d'étoffer son assortiment en produits végétariens et végans, suivant en cela une demande croissante, selon le rapport 2024 de l'enseigne qui ne donne toutefois pas de chiffre. "La gamme de Coop comprend, entre autres, plus de 100 alternatives végétaliennes à la viande et au poisson", précise un porte-parole.
Le nombre de végétariens progresse peu
Aldi confirme également que les produits de substitution végétariens et végétaliens sont de plus en plus populaires. "Nous supposons que la demande continuera à augmenter. C'est pourquoi nous élargissons continuellement notre gamme végétarienne et végane", indique le service de presse, sans non plus donner de chiffre. Le discounter allemand compte actuellement plus de 200 articles étiquetés comme végétariens ou végans.
Même son de cloche du côté de Lidl: le discounter, qui propose actuellement plus d'une centaine de produits végétariens et végans dans ses rayons, continuera d'agrandir cet assortiment. "Nous nous sommes fixés pour objectif d'atteindre un ratio de 80% d'articles d'origine animale et 20% d'origine végétale d'ici 2030. Nous sommes actuellement à un ratio de 16% de références d'origine végétale et 84% d'origine animale. Les produits laitiers ont été pris en compte séparément: ils sont actuellement à 5% d'origine végétale et 95% d'origine animale. Pour les produits laitiers, l'objectif est de porter ce ratio respectivement à 10% et à 90% d'ici 2030", détaille une porte-parole, ajoutant que les ventes dans ce segment ont considérablement augmenté ces trois dernières années, sans dévoiler de chiffre d'affaires.
Selon une récente étude de l'Université de Berne, 70,6% des Suisses privilégient une alimentation riche en viande et 18,3% se considèrent comme flexitariens. Seules 7,8% des personnes interrogées déclarent avoir un régime strictement végétarien, 2,7% évitent la viande mais pas le poisson et 0,5% ne mangent aucun produit d'origine animale.
Réalisée en 2022 par l'Office fédéral de la statistique (OFS), une enquête suisse sur la santé révélait par ailleurs que seule 3,6% de la population avait banni la viande et le poisson de son alimentation. En 2017, ce chiffre était de 2%, et en 2012 de 1,4%.
Un signal positif
A en croire ces études, le nombre de végétariens et végans en Suisse reste modeste et contredit le développement exponentiel de ce type d'assortiment voulu par les grands distributeurs. "Même si la progression est faible, les détaillants espèrent attirer de nouveaux consommateurs grâce à un assortiment qui se développe", analyse Vincent Antonioli, spécialiste en marketing. "Ensuite, il s'agit de préparer le terrain, car, selon les études marketing, il est probable que ce marché se développe dans un futur plus ou moins proche. Les grands distributeurs préfèrent que la majorité des végétariens et des végans, même s'ils sont peu nombreux, restent chez eux plutôt que chez le concurrent", poursuit-il.
Le fait que la Confédération recommande à la population de manger moins de viande dans le cadre de sa Stratégie Climat pour l'agriculture et l'alimentation 2050, est également perçue comme un encouragement par le secteur agroalimentaire. "Cette recommandation fait penser que le marché hors viande va se développer", explique Vincent Antonioli.
Cependant, la Confédération ne peut que formuler des recommandations, sans imposer quoi que ce soit. "Tout se passe sur une base volontaire: on ne peut ni forcer un producteur de viande à diminuer sa production, ni un grand distributeur à proposer moins de produits carnés dans ses rayons. C'est au Parlement qu'il incombe de présenter un éventuel plan de mesures visant à réduire la consommation de la viande", relève une porte-parole de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)