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Elevage intensif: un nouveau clivage villes-campagnes en vue
22.08.2022 – Pour la sixième fois depuis 2017, la Suisse vote le 25 septembre sur une question liée à l'agriculture. L'initiative "Non à l'élevage intensif" reflète un énième clivage entre urbains et ruraux, qui devrait à nouveau tourner à l'avantage de ces derniers.
L'an dernier, deux initiatives populaires issues de comités citoyens demandaient l'interdiction des produits phytosanitaires dans l'agriculture. Rejetés par un peu plus de six votantes et votants sur dix, la campagne avait été tendue, voire violente par moments, avec des menaces de mort et des incendies intentionnels.
Le monde agricole a, dans sa grande majorité, martelé que ces textes menaçaient leurs exploitations. Seules les grandes villes s'y sont montrées favorables. Guy Parmelin, alors président de la Confédération et ancien viticulteur, avait pointé la problématique: "un fossé semble s'installer de plus en plus entre les grandes villes et la campagne".
Sujets émotionnels
Une partie qui devrait se rejouer avec la votation sur l'élevage intensif, même si, période estivale oblige, la campagne de votation a été relativement calme pour l'instant. "Ces sujets sont toujours émotionnels", rappelle à Keystone-ATS le politologue Pascal Sciarini, de l'Université de Genève.
"Les milieux urbains ont une vision idéalisée du monde paysan et de ce qu'il devrait être." Ils appellent de leurs voeux davantage de contraintes, afin de faire avancer des causes jugées progressistes. De l'autre côté, les paysans, qui se voient comme des entrepreneurs, "ont du mal avec l'idée que l'Etat vienne leur dire comment fonctionner et comment travailler."
Pendant des décennies, les paysans étaient une sorte de "vache sacrée" en Suisse. Depuis les années 1990 et 2000, avec la libéralisation, les accords de l'OMC, le tournant vert et les subventions de la Confédération, ce statut a évolué. Ce qui ne va pas sans provoquer des tensions.
Vote "raisonnable"
Depuis 2017, le monde paysan a toujours vu les votants le soutenir. Le résultat ne devrait pas être sensiblement différent cette fois. "Il y a un effet 'vote raisonnable' sur toutes ces questions. Les gens veulent avant tout continuer à pouvoir choisir leur nourriture et ne pas la payer trop chère", poursuit Pascal Sciarini.
"Surtout dans un contexte peu favorable aux expérimentations progressistes, comme on le vit actuellement avec les pénuries, la guerre en Ukraine, la canicule et les sécheresses".
Enfin, les activistes issus de milieux urbains sont coutumiers d'actions très médiatisées. Mais au final, "la Suisse reste un pays à majorité conservatrice de droite." Le monde paysan en est un élément fondamental.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)