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France : 16 millions de volailles abattues mais la grippe aviaire décroît
02.05.2022 – Depuis le début de l'épizootie de grippe aviaire en France, la plus grave à ce jour à toucher le pays, un nombre record de 16 millions de volailles ont été abattues, a annoncé lundi le ministère de l'Agriculture, soulignant que le pic épidémique était désormais passé.
Depuis le premier cas recensé dans le nord de la France fin novembre, 1364 élevages ont été contaminés par le virus, dont 857 foyers recensés en Vendée, dans l'ouest, et dans les départements limitrophes, où les autorités vident les élevages via des abattages massifs d'animaux malades mais aussi sains, de façon préventive.
D'ordinaire, les crises liées à la grippe aviaire restent globalement circonscrites au sud-ouest de la France, en particulier aux élevages de canards destinés à la production de foie gras.
Deuxième vague exceptionnelle
L'an dernier, près de 500 foyers avaient été recensés dans des élevages et 3,5 millions d'animaux, essentiellement des canards, abattus dans le pays.
L'influenza aviaire possède un caractère saisonnier. Transportée par des oiseaux migrateurs venant d'Asie, elle commence généralement à se développer en octobre en Europe et se poursuit jusqu'au mois d'avril.
Mais pour la première fois, les oiseaux sauvages ont contaminé cette année des élevages lors de la remontée de leur migration des pays du sud, ce qui a entraîné une deuxième vague.
"C'est surtout les gallus - une variété de poule - qui sont touchés", indique le ministère, soulignant que "le pic épidémique a été passé à la fin du mois de mars et l'épizootie décélère".
Des oiseaux qui ont hiverné en Afrique, dans le sud de l'Europe ou du bassin méditerranéen "sont remontés avec une très forte contamination, suffisante pour contaminer les environnements des élevages", a expliqué Gilles Salvat, directeur général délégué au pôle recherche de l'agence sanitaire (Anses).
Manque à gagner
"Si la migration remontante est aussi massivement contaminée dans les années qui viennent, la période à risque va s'étendre sur presque la moitié de l'année et c'est un vrai problème, notamment pour les volailles élevées en plein air", a-t-il prévenu.
Ces crises à répétition génèrent des coûts considérables pour les professionnels, en raison des arrêts de production et la fermeture de marchés à l'exportation, et pour l'Etat qui indemnise les éleveurs pour les animaux abattus et les pertes économiques induites.
Lorsqu'un élevage est décimé, il faut compter "un temps de décontamination obligatoire de 21 jours consécutifs de totale détection du virus dans une zone complètement dépeuplée et désinfectée" avant de pouvoir le repeupler, explique Loïc Coulombel, vice-président de l'interprofession de l'oeuf (CNPO).
Ensuite, "la zone passe au stade de la 'surveillance' et il faut encore attendre trois semaines supplémentaires". Pour les éleveurs, chaque jour de vide sanitaire est un manque à gagner, malgré les indemnités versées par le gouvernement.
Une lente remise en production
Depuis novembre, la grippe aviaire a engendré une perte "d'environ 6% de la production nationale d'œufs dans un pays en auto-suffisance à 101%", relève Loïc Coulombel.
Le prix des œufs y a déjà augmenté de 13% entre février et mars et de 63,3% entre mars 2021 et mars 2022, à cause d'une très forte augmentation du coût de production liée à la guerre en Ukraine, selon l'indice des prix agricoles de l'Institut français de la statistique (Insee).
L'équivalent de la population de volailles abattues au cours de l'épisode de grippe aviaire ne pourra pas être remis en production avant l'été prochain, estiment les professionnels.
Il faudra même attendre la fin de l'année, voire le début de l'année prochaine pour retrouver l'ensemble de la production perdue, à condition qu'un nouvel épisode de grippe aviaire n'éclate pas à l'automne.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)