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France: Attal veut clore la crise agricole, les syndicats restent vigilants
29.04.2024 – Le gouvernement français a annoncé samedi un paquet de mesures qu'il espère capable de tourner la page de la crise agricole, qui avait provoqué des blocages exceptionnels en début d'année. Ses propositions ont rencontré un écho positif chez les syndicats majoritaires.
"On travaille à des mesures concrètes pour nos agriculteurs", a souligné le premier ministre Gabriel Attal en visite en Normandie. Parmi ces mesures figurent la présentation promise "début mai" de la version définitive du plan Ecophyto de réduction des pesticides, mis en pause à la faveur de la crise agricole, ainsi que de nouvelles aides à la trésorerie des exploitations.
Le gouvernement veut aussi accélérer 100 projets de stockage d'eau ou d'irrigation dès cette année et promet un plan d'aide à trois départements frappés par les crises météorologiques (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault).
"Vigilance"
Après la mobilisation des agriculteurs et plusieurs mois d'intenses négociations, une nouvelle "phase" s'ouvre pour la "déclinaison concrète" de chacune de ces mesures, ont salué samedi les syndicats agricoles majoritaires, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs.
Mais ils promettent d'être d'une "extrême vigilance" pour surveiller leur concrétisation et le vote cet été d'une nouvelle loi agricole. "Une crise ne se termine pas en claquant des doigts. Il faut que ruisselle dans les corps de ferme tout ce qui a été annoncé depuis des mois", a averti le secrétaire général adjoint de la FNSEA Christophe Chambon.
La Coordination rurale sera elle aussi "vigilante sur toutes les annonces" et "il y a encore beaucoup à faire", a déclaré sa présidente Véronique Le Floc'h. "On nous donne le sentiment d'aller vite, mais beaucoup de mesures auraient pu être prises depuis le départ."
Un rendez-vous avec Emmanuel Macron, promis depuis le Salon de l'agriculture en février, devrait permettre de sceller l'entrée dans une nouvelle phase, mais aucune date n'a été fixée.
Eviter un "chantage réciproque"
"On marche à la confiance", a commenté le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, interrogé sur la probabilité d'une relance de la mobilisation agricole. "On ne veut pas rentrer dans un chantage réciproque" avec les syndicats, a-t-il dit.
Les députés doivent également examiner dès la semaine prochaine le projet de loi d'orientation agricole, remanié après la crise. Ce texte vise à accélérer l'arrivée de nouvelles générations d'agriculteurs, délestés de certaines contraintes environnementales.
Gouvernement et agriculteurs ont par ailleurs "convergé sur une nouvelle stratégie" du plan Ecophyto 2030, qui reprendra les engagements du gouvernement: le simplifier et se fonder désormais sur un indicateur européen, au lieu du français utilisé jusque-là. Ce changement est dénoncé par plusieurs ONG qui reprochent à l'indicateur européen de moins bien différencier la nocivité des pesticides.
Financements nouveaux
Pour la trésorerie des agriculteurs, la banque publique d'investissements BPIfrance apportera des financements nouveaux d'au moins 100 millions d'euros sous forme de prêts de trésorerie personnels (jusqu'à 75'000 euros) ou de garanties pour les prêts des banques privées.
A plus long terme, le gouvernement prévoit de lancer un plan "d'accompagnement" pour les agriculteurs des Pyrénées-Orientales, de l'Aude et de l'Hérault, particulièrement touchés par la sécheresse, le gel ou les inondations. Ce plan sera doté de 50 millions d'euros pour des projets d'adaptation au changement climatique et d'évolution des filières locales.
Le gouvernement confirme, en outre, que la réforme des retraites agricoles, dont la mise en œuvre technique faisait débat, s'appliquera bien "dès 2026" sur les 25 meilleures années de carrière.
Le gouvernement s'est engagé aussi à accélérer 50 projets agricoles de stockage d'eau ou d'irrigation d'ici juin, et 50 autres d'ici à la fin 2024. Des types de projets très contestés par les associations environnementales.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)