Main Content
Grippe aviaire: la pollution au mercure accroît la vulnérabilité
07.09.2022 – Les canards sauvages contaminés au mercure ont plus de risques d'être touchés par la grippe aviaire, révèle une étude mercredi. Ces animaux sont réputés être des vecteurs majeurs de la grippe aviaire, du fait notamment de leurs migrations.
Pour cette étude, parue dans la revue de recherches biologiques de la Royal Society, "Proceedings B", des scientifiques ont abattu près de 750 canards sauvages issus de 11 espèces différentes dans la baie de San Francisco, aux Etats-Unis, située sur un couloir migratoire allant de l'Alaska à la Patagonie.
Connaissant les effets néfastes de certains métaux lourds sur l'immunité, ils ont mesuré en laboratoire le taux de mercure contenu dans le sang des individus et, en parallèle, testé une infection à la grippe aviaire ou la présence d'anticorps contre le virus.
Résultat: les canards contaminés au mercure, via la chaîne alimentaire principalement, avaient jusqu'à 3,5 fois plus de risques de contracter la maladie au cours de l'année. Et plus la concentration de mercure était élevée, plus la prévalence des anticorps augmentait.
Crainte de résurgence
L'étude précise que les canards ont été testés négatifs à la souche hautement pathogène du virus H5N1, détectée dans de nombreux foyers à travers le monde. La grippe aviaire, généralement asymptomatique chez les oiseaux sauvages, peut devenir très contagieuse et mortelle en se transmettant à leurs congénères en élevage.
L'accumulation de mercure dans l'organisme peut "supprimer les réactions immunitaires de l'organisme, l'exposant davantage à toutes les infections, dont l'influenza aviaire", explique à l'AFP Claire Teitelbaum, écologue à l'institut scientifique américain US Geological Survey dont une branche est consacrée à la conservation de la vie sauvage.
La baie de San Francisco est en outre un "point chaud de contamination au mercure en Amérique du Nord, du fait de l'activité historique des mines d'or dont l'extraction utilisait le mercure", ajoute la chercheuse, auteure principale de l'étude.
Aux Etats-Unis, l'épizootie a ralenti durant l'été, car "beaucoup d'oiseaux sauvages retournaient à leurs nids", plus au nord. Mais "quand ils vont commencer à redescendre, nous allons probablement assister à une résurgence", prévoit-elle.
Cette année, l'Europe a aussi fait face à un épisode de grippe aviaire d'une ampleur inédite, conduisant à l'abattage de dizaines de millions de volailles, notamment en France et en Italie.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)