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Initiative biodiversité: non des sénateurs à un contre-projet
13.06.2023 – Le Conseil des Etats ne veut pas d'un contre-projet à l'initiative biodiversité. Il a refusé mardi par 28 voix contre 14 d'entrer en matière sur la proposition du Conseil fédéral.
Le contre-projet va trop loin et aurait des conséquences importantes notamment sur l'agriculture, le tourisme et la production énergétique, a indiqué Beat Rieder (C/VS) pour la commission.
Et d'ajouter que la Suisse dispose déjà des conditions nécessaires pour définir suffisamment de zones revêtant une importance particulière pour la biodiversité. Au moins 30% des surfaces pourront ainsi être consacrées à la protection et à la promotion de la biodiversité à l?horizon 2030. De plus, le contre-projet serait un monstre bureaucratique.
Cela impacterait la production alimentaire. Le taux d'auto-suffisance alimentaire ne doit pas encore baisser mais plutôt augmenter, a relevé Werner Salzmann (UDC/BE). De plus, les efforts des agriculteurs ne sont pas pris en compte.
Plusieurs orateurs ont également souligné que ce sont surtout dans les villes et les agglomérations que des surfaces sont perdues pour la biodiversité.
"Arrêter d'être dans le déni"
La gauche a plaidé pour une entrée en matière. Selon le dernier rapport de l'Office fédéral de l'environnement (OFEN), la situation des listes rouges est pire en Suisse que dans les pays voisins, a rappelé Lisa Mazzone (Vert-e-s/GE). De plus, à long terme, la préservation de la biodiversité est nécessaire pour la sécurité alimentaire. La valeur de la pollinisation fournie par les insectes est estimée à 479 millions de francs par année.
Trois quarts des poissons en Suisse sont menacés. Il s'agit de "protéger les fondements de notre existence", a renchéri sa collègue Céline Vara (Vert-e-s/NE). "Il faut arrêter d'être dans le déni!", a-t-elle exhorté en vain. Elles n'ont été suivies que par la gauche ainsi que par deux sénateurs du PLR et du Centre, ainsi que par Thomas Minder (Ind./SH).
Le ministre de l'environnement Albert Rösti a également appelé les sénateurs à entrer en matière. Si l'initiative est acceptée, il ne pourra plus y avoir de pesée d'intérêt entre la productionalimentaire, la production énergétique et la biodiversité, a-t-il averti. Et de rappeler la votation sur les résidences secondaires.
Troisième voie
Il est clair qu'il faut agir. La question est de savoir si le contre-projet apporte des améliorations, a pour sa part indiqué Heidi Z'graggen (C/UR). Pour elle, la réponse est non. Il faut une autre voie, qui inclut tous les acteurs sur le terrain. "Nous ne pouvons pas protéger la biodiversité sans les paysans." Les cantons doivent également prendre leurs responsabilités.
C'est pourquoi elle a déposé un postulat qui demande que la Confédération et les cantons signent des conventions relatives à la protection de la biodiversité. Cette façon de procéder permettrait d'agir plus rapidement, selon elle.
Le dossier repart au National, qui avait approuvé le texte avec quelques modifications. Les députés ont notamment biffé tout objectif chiffré. Le Conseil fédéral voulait protéger 17% des surfaces.
Lundi, les représentants de 44 organisations de défense de l'environnement et de la nature avaient déposé une pétition munie de plus de 43'000 signatures exhortant le Conseil des Etats à agir.
Auteur : ATS