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La forêt suisse a beaucoup souffert ces dix dernières années
18.03.2025 – Ces dix dernières années, la forêt suisse a beaucoup souffert d'événements extrêmes tels que chaleur, sécheresse, tempêtes et ravageurs. Elle est sous pression, voire dans un état critique à certains endroits, indique le rapport forestier 2025 publié mardi.
Selon ce document présenté devant la presse à Jentes, dans la forêt du Galm près de Morat (FR), par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), les événements météorologiques extrêmes ont été plus nombreux au cours des dix dernières années, notamment sous l'effet des changements climatiques.
"Pour préserver nos précieuses forêts, nous devons les préparer pour l'avenir", a déclaré Katrin Schneeberger, directrice de l'OFEV. Dans certaines régions, notamment le Jura, l'état de la forêt est jugé "critique", selon ce rapport, établi tous les dix ans.
Rolf Holderegger, directeur du WSL, a précisé que la forêt ne subit actuellement aucune catastrophe: elle croît, change et s'adapte. "Mais, et c'est là l'essentiel, elle a des problèmes", a-t-il ajouté. Les hêtres, les sapins et les épicéas sont particulièrement touchés. Les arbres affaiblis sont plus sensibles aux attaques d'insectes et aux maladies. En outre, de plus en plus d'organismes nuisibles exotiques sont introduits.
Industrie du bois
Cette situation a notamment des conséquences pour la gestion forestière et pour l'ensemble de la chaîne de valeur ajoutée de l'industrie du bois. Ainsi, il y a aussi eu davantage d'exploitations forcées ces dix dernières années.
Cela signifie que des arbres endommagés ou renversés doivent être récoltés plus tôt que prévu et affectés par exemple à la production d'énergie par incinération, au lieu de servir à la fabrication de produits en bois.
A cela s'ajoutent les polluants atmosphériques azotés et l'ozone, qui peuvent rendre les forêts encore plus vulnérables à la sécheresse. Bien que la pollution par l'azote et l'ozone ait pu être réduite, le rapport indique qu'elle dépasse encore les limites en de nombreux endroits.
Tout cela se ressent sur la surface forestière, qui a certes augmenté d'environ 23'000 hectares au cours de la dernière décennie, ce qui correspond à peu près à la surface du lac de Neuchâtel. Selon le rapport, cette augmentation a toutefois été nettement moins importante que durant les décennies précédentes.
Évolution positive de la biodiversité
"La gagnante de ces graves événements s'appelle la biodiversité", a relevé Thomas Wohlgemuth, expert au WSL. Environ 40% des espèces identifiées en Suisse vivent dans ou de la forêt. Or la biodiversité s'y est légèrement améliorée, avec notamment une augmentation du nombre d?oiseaux forestiers, de mollusques et de mousses.
Les tempêtes et la sécheresse accroissent le volume de bois mort, lequel revêt une importance vitale pour de nombreuses espèces. En outre, les propriétaires forestiers laissent plus souvent ce bois sur place.
Par ailleurs, les zones protégées en forêt ont été agrandies au cours des dix dernières années, passant de 5% à 7% de l?aire forestière. Cependant, malgré cette évolution positive, 13% des plantes forestières et près de la moitié des espèces de coléoptères saproxyliques sont menacées, note encore le rapport.
Capacité d'adaptation
Selon M. Holderegger, "la bonne nouvelle, c'est que nous savons ce qui peut être fait". Pour que la forêt reste un écosystème sain et productif à long terme, il faut des essences plus résistantes aux changements climatiques et aux organismes nuisibles.
Il convient par ailleurs de veiller à favoriser des structures boisées diversifiées, notamment par le choix d'essences d'avenir adaptées au climat futur. En outre, les populations de gibier doivent être régulées afin de réduire le broutage de jeunes plantes.
Ce Rapport forestier offre une solide base pour l'élaboration de la stratégie intégrale pour la forêt et le bois 2050, sur laquelle le Conseil fédéral se prononcera en 2025, ont souligné les responsables. Au total, 90 experts provenant des milieux scientifiques et de la pratique ont contribué à ce Rapport forestier 2025.
Coupes budgétaires critiquées
Dans un communiqué, ForêtSuisse a indiqué soutenir largement les conclusions du Rapport forestier 2025. Les propriétaires de forêts sont directement touchés par les effets négatifs mentionnés, note la faîtière. Or, le programme d'allégement budgétaire 27 actuellement en discussion prévoit des économies significatives et unilatérales dans des domaines-clés comme la gestion forestière, l'éducation à l'environnement et la promotion du marché du bois.
Cela laissera les propriétaires de forêts encore plus livrés à eux-mêmes. ForêtSuisse s'opposera politiquement à cette tendance.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)