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La loi sur la chasse est ratée et inacceptable aux yeux des organisations de protection de l'environnement et des animaux
08.10.2019 – Celles-là ont officiellement lancé ce mardi le référendum contre cette loi adoptée en septembre par le Parlement.
(AGIR/SP) - La réforme est un échec et extrêmement inquiétante. Elle anéantit la protection des espèces menacées au lieu de la renforcer, critiquent ce mardi ProNatura, le WWF Suisse, BirdLife Suisse, le Groupe Loup Suisse et zoosuisse qui demandent un retour à la case départ. Ces organisations rappellent que les animaux protégés pourront être tués simplement parce qu'ils existent. Si le loup, le castor, le lynx ou le héron cendré dérangent les paysans, les chasseurs, les pisciculteurs ou les politiciens, ils pourront être abattus sans avoir provoqué de dégâts. Aucune mesure préventive ne doit être prise préalablement, souligne Urs Leugger-Eggimann, secrétaire central de Pro Natura.
Le Parlement a aussi raté l'opportunité de protéger enfin le lièvre brun ou la bécasse des bois. La loi prévoit aussi l'élaboration d'une liste des animaux régulables par la chasse. Le Conseil fédéral pourra la modifier à loisir, sans passer par le Parlement. La protection des animaux n'est plus assurée. La révision prévoit un transfert de compétences de la Confédération aux cantons en matière de protection des espèces. Chaque canton sera libre d'interpréter à sa façon la protection.
Il y a donc un risque réel de réactions irrationnelles et de voir apparaître une grande variété de régimes, rappelle David Gerke, président du Groupe Loup Suisse. Par ailleurs, si la chasse est du ressort des cantons, la protection des espèces est clairement l'affaire de la Confédération comme le stipule la Constitution fédérale. Une telle délégation de compétence contrevient également à la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, selon les organisations. Cette dernière demande aux Etats signataires de protéger les espèces; elle ne prévoit pas de délégation de responsabilités à des instances subordonnées. De l'avis de l'Office fédéral de l'environnement, elle sera respectée malgré tout.
La loi actuelle permet à la fois des tirs individuels ciblés et des régulations de populations. Les organisations environnementales sont ouvertes à trouver des solutions si le peuple s'oppose à la révision. Selon Urs Leugger-Eggiman, la mouture adoptée par le Parlement contient des éléments intéressants, comme une réglementation contraignante des corridors à faune. Une régulation du loup est aussi envisageable à certaines conditions.
De manière générale, une nouvelle loi sur la chasse et la protection doit renforcer la protection des espèces menacées et non l'affaiblir. Les succès isolés ne doivent pas faire oublier que l'état de la biodiversité est globalement dramatique en Suisse, souligne Océane Dayer, responsable politique au WWF. En Suisse, une espèce sur trois est menacée, dénonce-t-elle.
Les organisations ont jusqu'au 16 janvier 2020 pour récolter 50'000 signatures. Selon un sondage gfs, demandé par celles-là, 72% des personnes refusent le tir à titre préventif d'animaux protégés, précise Urs Leugger-Eggimann. Plus de trois quarts d'entre elles sont contre le tir de loups si des mesures de protection de troupeaux n'ont pas été prises.
La Protection suisse des animaux (PSA) soutient le référendum, a-t-elle annoncé lundi. Elle ne fait pas partie du comité et agit de son côté. Pour les régions de montagnes en revanche, la réforme constitue un pas dans la bonne direction.
Auteur : ATS/AGIR