Main Content
La loi sur l'électricité plébiscitée, ou "la victoire du consensus"
10.06.2024 – La Suisse tient son plan pour aller de l'avant dans le développement des énergies renouvelables. Le peuple a plébiscité dimanche à plus des deux tiers la loi sur l'électricité, malgré l'opposition notamment de la base de l'UDC. Albert Rösti espère que "le consensus helvétique" qui a prévalu autour du projet l'emportera aussi lors de la mise en œuvre.
La loi sur l'électricité a été approuvée par une majorité de 68,7% du peuple et l'ensemble des cantons. Le "oui" a recueilli 1'717'419 voix, contre 781'737 "non". Le référendum lancé par la Fondation Franz Weber, l'Union pour la nature et le paysage suisse et Paysage Libre Suisse notamment - avec le soutien de l'UDC - n'a ainsi eu aucune chance.
Cantons de Bâle-Ville et Genève champions
La loi a triomphé même dans des cantons qui connaissent des oppositions à des projets régionaux d'énergies renouvelables, comme Vaud et le Valais. Le premier a dit "oui" à 73,5% et le deuxième à 64,2%.
Genève a plébiscité la loi à 75,2%. Neuchâtel l'a acceptée à 69,4%, tandis que le "oui" a été un peu moins net à Fribourg (67,1%) et dans le Jura (60,1%). Berne a soutenu le texte à 70,8%, et le
Tessin à 70%.
Outre-Sarine aussi, le peuple a donné son aval à plus de 60% dans la plupart des cantons. Bâle-Ville est ressorti champion du "oui", avec 76,2%. Zurich et Lucerne suivent, avec respectivement 72,2% et 70,7%. A l'inverse, le taux d'approbation n'a pas dépassé 57% à Schwyz. Les villes ont toutes largement approuvé la loi.
Le ministre de l'Energie et de l'Environnement Albert Rösti s'est félicité de "la confiance du peuple" dans le projet. Le "oui" de dimanche confirme celui de l'an dernier à la loi sur la protection du climat, a-t-il indiqué, répétant que les politiques énergétique et climatique allaient de pair.
Ce résultat représente un jalon en vue d'un approvisionnement énergétique plus sûr, notamment en hiver, "période cruciale où la consommation est importante", a observé M. Rösti.
Primauté des énergies renouvelables
Le projet facilitera la construction de grandes installations hydrauliques, photovoltaïques, éoliennes, de pompage-turbinage et de biomasse. Désormais d'intérêt national, leur établissement primera la protection de la nature ou du paysage. La réforme contient une palette d'autres mesures.
Albert Rösti a souligné la nécessité de ne pas en rester là. "D'autres avancées doivent suivre", comme sur la transparence des marchés de gros de l'énergie et sur l'accélération des procédures d'autorisation, en discussion. "Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre parfois plus de 20 ans pour certains projets", a-t-il dit.
Le Bernois s'est dit sûr que la Confédération, les cantons et les communes pourront trouver "ensemble des solutions constructives", dans un esprit de compromis. Interpellé sur certaines communes touchées par des projets qui ont refusé la loi, il a rappelé que la plupart des projets sont malgré tout soutenus.
Coup dur pour le nucléaire
Les réactions des milieux politiques, économiques et des associations ont été largement positives. L'approbation de la loi enfonce "le dernier clou sur le cercueil du nucléaire", a déclaré
le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD). Les auteurs du référendum avaient été en effet rejoints par les partisans du nucléaire, relève-t-il, "et cette stratégie s'est cassé la figure".
"Nous pouvons dès maintenant fermer la plus vieille centrale nucléaire encore en activité au niveau mondial, celle de Beznau", jubile pour sa part Sortir du nucléaire.
Dans le même ordre d'idées, Greenpeace estime qu'avec le résultat de dimanche, "le nucléaire devient obsolète". Il convient "de fixer une date butoir pour l'arrêt rapide et définitif de l'exploitation des deux réacteurs de la centrale de Beznau".
Au nom de l'Alliance pour un approvisionnement en électricité sûr et abordable, qui regroupait un très large spectre de partisans y compris des élus de l'UDC, le conseiller national Christian Imark (UDC/SO) a observé que ce dimanche était "certainement une bonne journée" pour la sécurité de l'approvisionnement du pays.
Satisfaite aussi, Economiesuisse note toutefois que d'"énormes défis subsistent". La faîtière réclame un "plan de mise en œuvre clair", sachant que pour atteindre l'objectif du zéro carbone en 2050, il faudra doubler la production d'électricité "durable".
Les Vert-e-s se félicitent d'avoir "pu convaincre les milieux de la protection de la nature, plutôt sceptiques au début de la campagne". Le PLR en appelle aux organisations de protection de la nature afin qu'elles respectent le résultat et fassent preuve de réserve dans leurs oppositions.
La Fondation Weber se console
Dans l'autre camp, Vera Weber, au nom de la Fondation Weber, estime que le résultat n'est malgré tout "pas totalement négatif". Le scrutin a permis de sensibiliser la population en posant le débat de la politique énergétique et de la protection de la nature, observe-t-elle. Elle espère que la votation du 22 septembre sur l'initiative sur la biodiversité permettra (en cas de oui) de
"contrebalancer" le résultat de dimanche.
L'UDC n'a pas pris de gants: "On a une nouvelle fois fait de fausses promesses à la population. La nouvelle loi amènera peu de courant pour beaucoup d'argent et au prix d'un saccage massif de la nature", tonne le parti, dont de nombreux élus avaient toutefois approuvé le projet.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)