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La plus grande production suisse de kiwis se niche à Allaman (VD)
14.11.2022 – La plus grande production suisse de kiwis se niche à Allaman, sur la Côte vaudoise. Dissimulé entre les rives du lac Léman et une forêt, le domaine de la Pêcherie et de la Frésaire rassemble 20 hectares de production biologique de kiwis. Et début novembre est synonyme de récolte.
A quelques centaines de mètres à peine de l'embouchure de l'Aubonne et en contrebas de la route cantonale entre Rolle et Morges, sur les terres alluviales de la rivière, des lignées d'arbres formées de kiwis palissés s'accrochant les uns aux autres créent une voûte verdoyante et spectaculaire. Un peu comme des pergolas à perte de vue ou alors une jungle miniaturisée qui aurait été entretenue.
"Grâce à un microclimat idéal, le domaine fournit des kiwis locaux depuis près de 40 années. Il représente aujourd'hui entre 80 et 90% de la production helvétique. L'ensemble de la production du domaine est vendue exclusivement en Suisse", explique à Keystone-ATS Matthias Faeh qui a repris la direction du domaine en janvier 2018.
Pas un fruit tropical
Et contrairement à une idée reçue, le kiwi n'est pas un fruit tropical. "C'est un fruit extrêmement robuste originaire de Chine et poussant dans des zones tempérées. Il a ensuite été commercialement développé en Nouvelle-Zélande. Avant le débourement, l'arbre peut tenir à des températures de moins 15 degrés", raconte l'arboriculteur.
"Le microclimat du domaine ici à Allaman lui est donc très favorable, car le site est protégé des gels tardifs de printemps et précoces d'automne par l'inertie thermique du lac. Les sols drainants sont d'excellente qualité et la proximité du Léman est essentielle pour l'arrosage puisque le kiwi est une plante très vigoureuse qui pousse beaucoup, nécessitant beaucoup d'eau", poursuit M. Faeh.
Rituel annuel classique, le kiwi se récolte entre la fin du mois d'octobre et le début du mois de novembre, juste avant le gel, en fonction du taux de sucre et de la fermeté du fruit. Le domaine de 20 hectares produit en moyenne entre 300 et 400 tonnes par année de deux variétés principales, dont le hayward qui a presque 100 ans.
Ceux-ci sont mis sur le marché en janvier, quand ils deviennent plus tendres et sucrés.
Petite part de la consommation
Un chiffre à mettre en relation avec la production mondiale:
l'Italie en produit environ 400'000 tonnes par an, devant la Chine et la Nouvelle-Zélande. Les kiwis bios d'Allaman ne couvrent d'ailleurs qu'une toute petite part de la consommation indigène.
L'essentiel est en effet importé.
"L'avantage avec le kiwi, par rapport à la pomme par exemple, c'est que la récolte se fait en une seule fois. Il n'est pas possible de faire de différence sur sa maturité à l'oeil nu. Le rendement de la récolte est donc beaucoup plus intéressant. Une personne ramasse quelque 1500 kilos par jour", relève Matthias Faeh. Cette année, il s'attend à environ 300 tonnes de kiwis.
"Il s'agit d'un fruit vraiment intéressant en termes de santé et de nutrition. C'est une source de vitamine C deux fois plus concentrée que l'orange", souligne encore le directeur du domaine vaudois.
Depuis 1984
Si d'autres plus petits domaines existent dans le canton de Vaud ou ailleurs en Suisse comme dans les cantons du Tessin, de Zurich ou d'Argovie, le domaine de la Pêcherie et de la Frésaire est "le seul qui dépasse les dix hectares", selon M. Faeh.
"Contrairement à la plupart des autres domaines qui font de la vente directe, nous nous sommes spécialisés dans la production.
Nous visons la grande distribution, les clients grossistes et les maraîchers. Nous ne faisons aucune vente directe", dit-il.
Le projet de cultiver des kiwis sur le site d'Allaman a été initié par une poignée d'arboriculteurs de la Côte en 1984. Dix ans plus tard, ils ont décidé de se lancer dans une production entièrement biologique, c'est-à-dire sans herbicides, pesticides, ni fertilisants de synthèse. "Nous faisons même plus puisque nos kiwis ne sont pas du tout traités", insiste l'arboriculteur.
Grâce à cette approche, le domaine est devenu une réserve idyllique pour la flore et la faune qui se développe sans aucune interférence chimique. On y rencontre des variétés d'insectes qui ont disparu des vignobles et des vergers non biologiques, selon lui.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)