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La production mondiale de vin a chuté de 10% en 2023
26.04.2024 – La production mondiale de vin, perturbée par des sécheresses, des vagues de chaleur, des incendies, du gel précoce ou des pluies favorisant inondations et maladies, a chuté de 10% en 2023, tandis que la consommation a reculé de 3%, a indiqué jeudi l'Organisation internationale du vin.
Les vignerons du monde ont produit au total 237 millions d'hectolitres, leur plus faible vendange depuis 1961.
La récolte a particulièrement souffert en Italie (-23% à 38 millions d'hectolitres) et en Espagne (-21% à 28 millions d'hectolitres) alors qu'elle a légèrement progressé en France (+4% à 48 millions d'hectolitres), permettant à l'Hexagone de devenir, de loin, le premier producteur de vin au monde.
L'OIV avait déjà anticipé une chute de la production dans une première estimation en novembre, mais de moindre ampleur (entre 241,7 et 246,6 millions d'hectolitres).
Cette dégringolade est la conséquence directe de "conditions environnementales extrêmes" ayant touché aussi bien l'hémisphère nord que l'hémisphère sud, a indiqué le directeur de l'OIV, John Barker, devant des journalistes.
La récolte a ainsi chuté de 11% au Chili, de 26% en Australie et de 10% en Afrique du Sud, les trois plus gros producteurs de l'hémisphère sud.
Alors que les vendanges s'y terminent, la production dans cette zone devrait rebondir de 5% en 2024, selon les premières estimations de l'OIV.
La consommation au plus bas depuis 1996
Du côté des buveurs, la consommation a reculé l'an dernier de 3% à 221 millions d'hectolitres, son plus bas niveau depuis 1996, confirmant ainsi une tendance à la baisse depuis 2018 (avec un sursaut en 2021 dû à la levée des principales restrictions liées au Covid).
Cette tendance est en partie liée à l'inflation, qui a augmenté les coûts de production et donc les prix de la bouteille ou du cubi de vin, tout en réduisant le pouvoir d'achat des consommateurs. La consommation a aussi fortement baissé en Chine (-25%), affectée par un ralentissement économique.
La moindre demande est également "motivée par les changements démographiques et de mode de vie", a reconnu John Barker. "Mais il est difficile de déterminer avec précision dans quelle mesure la récente baisse de la consommation est un reflet du marché à court ou à long terme", a-t-il ajouté.
Les Portugais, les Français et les Italiens sont, par habitant, les plus gros consommateurs.
Les exportations de vin ont, elles, reculé de 6% en volume à leur plus faible niveau depuis 2010, avec moins de bouteilles, de cubis ou de vrac sortant du Chili, d'Afrique du Sud ou de France.
Selon l'OIV, certains acheteurs ont pu être dissuadés par le prix moyen à l'exportation, qui a grimpé à 3,62 euros par litre, un record, et 29% de plus qu'en 2020.
La surface consacrée à des vignes, pour la production de vin ou de raisins de table, a pour sa part reculé pour la troisième année consécutive, de 0,5% en 2023 à 7,2 millions d'hectares.
L'Inde fait son entrée
En France, où le gouvernement a subventionné des programmes de distillation et d'arrachage pour faire face à de la surproduction dans certaines régions, elle a baissé de 0,4%. La surface a en revanché augmenté de 3% en Inde, qui fait son entrée dans le top 10 des plus grands vignobles au monde.
La chute de la production en Italie - à son plus bas niveau depuis 1950 - ne devrait pas se traduire par un abandon massif d'hectares de vignes, selon John Barker. Entre des pluies favorisant l'apparition du mildiou dans les régions du centre et du sud, de la grêle et des inondations, le repli "a clairement été lié aux conditions météorologiques", et donc normalement momentané, a-t-il dit.
Les fléaux ayant touché la vigne cette année sont très disparates et l'influence du changement climatique n'est pas établi dans tous les cas de figure.
Des phénomènes comme l'artificialisation de sols en Italie ont par exemple pu y aggraver les conséquences des pluies.
Reste que "le plus grand défi actuellement pour le secteur est le changement climatique", qui "affecte sévèrement la vigne, une plante pérenne souvent cultivée dans des zones vulnérables", a estimé John Barker.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)