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La protection des troupeaux par des chiens fonctionne "en principe"
20.07.2022 – La protection des troupeaux par des chiens de berger fonctionne bien, "en principe", selon Agridea. Telle est la conclusion d'une étude menée en 2021 par la centrale intercantonale pour le développement de l'espace rural. Les graves attaques de loups surviennent surtout lorsque les directives de la protection des troupeaux ne sont pas appliquées.
L'an dernier, le nombre troupeaux d'alpage attaqués par des loups malgré la présence de chiens de berger a triplé en Suisse. Au total, 14 de ces 22 cas ont causé la mort d'au moins trois animaux de rente, des moutons en règle générale. Neuf de ces alpages se situent aux Grisons, deux en Valais, deux au Tessin et un dans le canton de St-Gall.
Deux tiers des alpages touchés inadaptés
Agridea s'est penchée sur les cas de cette vingtaine d'alpages. Résultat: seul un tiers d'entre eux présentait des conditions adaptées à une protection efficace par le chien de berger.
Sur deux tiers des alpages étudiés, les attaques de loups sont dues surtout à une dispersion trop vaste du troupeau et non pas à une protection déficiente du chien de berger. Dans l'ensemble, les directives de la Confédération sur la protection des troupeaux n'y ont donc pas été appliquées. Sur ces alpages, la gestion des troupeaux constitue la principale difficulté face à la présence du loup, concluent les experts d'Agridea dans l'étude publiée mercredi.
Soit le travail de berger n'y est pas effectué de manière suffisamment professionnelle, soit le terrain de l'alpage rend la tenue compacte du troupeau difficile, voire impossible, observent les experts. Le mauvais temps, brumeux notamment, a eu parfois aussi un impact négatif.
Les efforts paient
Là où les responsables d'alpages ont amélioré les conditions de la gestion des troupeaux, suite à des attaques par des loups, leurs efforts ont payé, constate Agridea. Sur quatre des alpages observés, le remplacement de bergers peu motivés, la multiplication des chiens et la gestion plus conséquente des troupeaux a entraîné une baisse marquée des attaques.
La centrale de vulgarisation agricole n'a pas pris sous la loupe les huit alpages sur lesquels moins de trois animaux ont été attaqués. Ce cas de figure fait partie des risques avec lesquels chaque alpage est confronté, même lorsqu'il dispose de chiens de berger, estime l'association. La faiblesse du nombre d'animaux tués sur ces alpages-là montre toutefois que la protection des troupeaux y fonctionne bien, selon elle.
L'an dernier, 297 chiens de berger ont protégé des troupeaux sur les alpages suisses. C'est sept fois plus qu'il y a 20 ans. Environ 170 autres chiens ont été sollicités dans des pâturages, sur des exploitations agricoles ou ont été formés à leur tâche.
Cas stables face à la multiplication des loups
Face à l'augmentation de 50% du nombre de loups en Suisse l'an dernier, à près de 150 individus, le nombre d'animaux de rente tués par le canidé prédateur est resté plutôt stable, à 867. Agridea attribue cette évolution à l'amélioration de la protection des troupeaux, ces dernières années.
Moutons et chèvres sont les animaux les plus attaqués par les loups. Quatre veaux et 17 autres bovins en ont aussi été victimes. En moyenne, chaque loup a attaqué six animaux. C'est cinq fois moins qu'au début du retour du canidé en Suisse, selon des chiffres du Groupe Loup Suisse. Au tout début du siècle, six loups tuaient environ 200 animaux par an.
Contexte explosif
Ces derniers mois, la polémique sur la présence des loups a enflé notamment dans les Grisons, où la meute du Piz Beverin a enchaîné les attaques graves sur des troupeaux, jusqu'à s'en prendre à deux vaches mères. La semaine dernière, les autorités ont ordonné l'abattage de deux jeunes loups de la meute. Elles attendent encore l'autorisation de la Confédération pour faire abattre le mâle dominant. En Valais, un loup est condamné dans le Val d'Illiez.
Basée à Lindau (ZH), Agridea est la centrale de vulgarisation des services cantonaux de conseils à l'agriculture et à l'économie familiale. Elle met en réseau les acteurs suisses de l'agriculture et de l'alimentation en tant que plateforme scientifique neutre, précise-t-elle.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)