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La station d'essais de Leytron planche sur la viticulture de demain
23.06.2023 – L'évolution climatique et la nécessaire réduction des intrants sont au coeur des projets menés par le domaine viticole du Grand Brûlé à Leytron (VS). Lancée il y a deux ans, cette station d'essais en viticulture et oenologie met en réseau chercheurs et praticiens.
Il s'agit de s'adapter aux nombreux défis auxquels la filière viti-vinicole est confrontée tout en conservant la qualité des vins, a résumé jeudi devant la presse la cheffe de l'office valaisan de la vigne et du vin Nadine Pfenninger-Bridy. Deux ans après son lancement officiel et une année complète d'activités de terrain, la station d'essais tire un premier bilan positif.
En ce qui concerne la viticulture, elle étudie notamment l'alimentation en eau de la vigne durant la saison. Elle dispose pour cela d'un réseau de 40 parcelles de Chasselas et de Pinot noir mises à disposition par des producteurs, a expliqué Jean-Sébastien Reynard, responsable viticulture de la station d'essais.
Ce "réseau sentinelles" est une "aide à l'irrigation" pour le vigneron et un outil pour utiliser au mieux cette précieuse ressource qu'est l'eau. Le projet doit être mené jusqu'en 2029.
Cépages résistants
La réduction de l'utilisation des intrants (engrais, pesticides,...) constitue un autre pan du volet viticulture. Les acteurs de la filière procèdent notamment à un état des lieux des pratiques d'entretien des sols dans un réseau de cent parcelles à travers le canton, soit une véritable "mine d'informations"
Ils sélectionnent et étudient aussi des cépages résistants, proches de cépages typiques valaisans. "L'idée est de trier le bon grain de l'ivraie", avec "des essais sur le domaine viticole de l'Etat mais aussi directement chez les producteurs, en conditions réelles", note Jean-Sébastien Reynard.
Levures acidifiantes
En oenologie, la station d'essais mène aussi plusieurs projets. Par exemple, pour contrecarrer la faible acidité des raisins due aux températures estivales de plus en plus élevées, elle étudie des levures spécifiques.
Les premières recherches menées sur un moût de Pinot noir vinifié avec une variété de levures acidifiantes du genre Saccharomyces sont concluantes, avec un vin légèrement acidifié et intéressant du point de vue aromatique, note Gilles Bourdin, responsable du groupe de recherche oenologie de la station d'essai. Les prochains essais incluront un cépage blanc et de nouvelles levures productrices d'acide lactique.
Les soucis des producteurs
L'optimisation énergétique des caves est également un champ de recherche. Sans surprise, les premières analyses montrent que la consommation de la cave du Grand-Brûlé est "très importante", indique Gilles Bourdin. Les chercheurs ont étudié l'utilisation d'énergies renouvelables et évalué l'exploitation d'une nappe phréatique pour la production de froid et de chaud de cette cave.
Tous les projets menés par la station d'essais représentent "une grande opportunité pour nous les praticiens qui nous sentons souvent déconnectés de la recherche", confie Julien Richard, conseiller viticole à Vitival, l'association des producteurs valaisans en production intégrée. "Nous faisons partie du comité de pilotage et en tant que tel, nous pouvons faire remonter nos soucis; c'est très important", poursuit-il.
La station d'essais de Leytron est portée par le centre national de recherche agronomique Agroscope, le canton du Valais, Vitival et la centrale de vulgarisation Agridea (Association suisse pour le développement de l'agriculture et de l'espace rural). Les quatre partenaires ont signé en mai 2021 une convention portant sur la période 2021-2028, avec une prolongation possible jusqu'en 2032.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)