La terre pour favoriser l'insertion des requérants d'asile

12.12.2022 – Une micro-ferme thérapeutique a ouvert ses portes à Crans-Montana (VS). Baptisé L'Echappée Verte, ce projet veut favoriser l'insertion sociale des requérants d'asile souffrant de stress post-traumatique et sensibiliser la population au respect de la biodiversité.

"Avec cette micro-ferme, nous proposons un cadre d'accueil bienveillant et un suivi psychosocial à des personnes en souffrance psychique", explique Ellena Livet, responsable du projet pour la fondation SWO qui associe économie, écologie et société. Beaucoup de requérants d'asile ont un parcours migratoire traumatisant et entre 50 et 60% d'entre eux souffrent d'un état de stress post-traumatique.

Un syndrome qui se traduit par une grande anxiété, de la dépression, ou encore des symptômes physiques psychosomatiques. "Travailler la terre avec eux est un point de départ qui permet de créer du lien mais aussi de mobiliser leurs compétences cognitives", ajoute l'ergothérapeute qui se dit "convaincue des bénéfices du travail de la terre pour améliorer sa vie et soigner son être". Les personnes qui peuvent participer à ce projet sont "stabilisées", note-t-elle aussi.

Construction de la structure

En ce lundi, le terrain agricole qui accueille L'Echappée Verte, situé non loin du lac des Miriouges, est recouvert de neige. Il faudra attendre le printemps pour y voir fleurir herbes, fruits et légumes, mais le projet a bel et bien débuté le 1er novembre. "Six personnes ont participé à la plantation d'arbres fruitiers et à la préparation des futures zones de cultures", expliquent les porteurs du projet, l'Association François-Xavier Bagnoud - FXB et la fondation SWO.

Parmi elles, Lamin Jabang, originaire de Gambie, qui est aussi "mon bras droit" depuis le début de cette initiative en août 2021, alors que le projet en était encore à sa phase-pilote au sein d'une ferme à Salquenen (VS), ajoute Ellena Livet. En conférence de presse, il confie aimer échanger avec des personnes provenant de différentes cultures. "Ca fait du bien d'être dehors, dans la nature", ajoute celui qui est arrivé en Suisse en 2015.

Durant la saison froide, les participants s'attèlent à la construction notamment d'un poulailler mobile ainsi que d'une roulotte qui servira de petite cuisine pour la pause café. Le tout sera installé sur le terrain au printemps.

Rencontrer

"C'est le type de projet dont on a besoin dans notre canton", relève Xavier Mesot de l'Office de l'asile du canton. Pour lui, L'Echappée Verte, projet unique en Valais, permet justement aux personnes qui sont en foyer de sortir de ces structures pour rencontrer des gens d'ailleurs, de développer et de valoriser leurs compétences dans des projets utiles qui les aide à retrouver confiance en eux et à rompre avec l’isolement social.

La commune de Crans-Montana est, elle aussi, "fière" d'accueillir ce projet sur son territoire. Son président Laurent Bagnoud se dit particulièrement convaincu par cette micro-ferme comme "lieu de rencontre ouvert et social où les habitants, en particulier les enfants, pourront venir s'initier au travail de la terre".

C'est que le projet, outre sa volonté d'accompagner des personnes en souffrance, a aussi pour objectif de sensibiliser les enfants de la région au développement durable à travers des activités en lien avec la protection de la biodiversité. Ce volet est mené en partenariat avec les écoles. Les premiers enfants devraient être accueillis sur le terrain dès le printemps.

Vente de la récolte

A terre, entre 15 et 20 requérants d'asile provenant des foyers valaisans viendront travailler la terre de cette parcelle d'environ un hectare, selon un plan de culture pensé par une agricultrice diplômée, précise l'équipe. Le fruit de leur travail sera notamment vendu auprès des centres de requérants d’asile de la région. Un petit étal en self-service devrait également être mis en place.

Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)