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L'absinthe, comme plante, n'est pas originaire de l'Arc jurassien
06.03.2025 – Des études, menées notamment par le Jardin botanique de Neuchâtel, questionnent l'origine de l'absinthe, comme plante. L'artemisia absinthium pourrait être arrivée en Suisse avec les Romains, qui l'utilisaient pour des vertus médicinales.
"Les populations d'absinthe non cultivées ne prospèrent pas naturellement à large échelle dans l'Arc jurassien", a déclaré jeudi à Keystone-ATS Blaise Mulhauser, directeur du Jardin botanique de Neuchâtel, revenant sur un article d'Arcinfo. Ce dernier a mené une étude entre 2020 et 2022 sur le sujet avec la Haute Ecole de viticulture et oenologie de Changins (VD).
"Cette étude met en évidence une histoire qu'on n'a pas encore bien comprise", a ajouté Blaise Mulhauser. L'absinthe, comme plante, est bien présente sur le territoire suisse, notamment en Valais où elle est parfaitement acclimatée, mais son origine semble être méditerranéenne.
IGP "méritée"
La plante était connue depuis l'Antiquité pour ses vertus médicinales. Les Romains connaissaient déjà un vin d'absinthe, avec de l'anis vert, du fenouil et de la grande absinthe, soit parmi les principaux ingrédients de la fée verte actuelle.
Pour Blaise Mulhauser, une IGP est néanmoins possible. "Si la recette de l'élixir de la mère Henriod vient probablement d'ailleurs, le fait d'avoir développé le savoir-faire de distillation à Couvet à la toute fin du XVIIIe siècle place le berceau d'un type de boisson d'absinthe dans le Val-de-Travers".
"D'autres recettes de distillation d'absinthe existent à travers l'Europe, mais celle qui a connu le plus de succès, à la suite de son industrialisation, est bien l'absinthe dite 'suisse' au XIXe siècle. L'IGP est amplement méritée grâce au savoir-faire des distillateurs du Val-de-Travers, pratiqué depuis plus de deux siècles sans interruption. La période de clandestinité distingue clairement le savoir-faire du Val-de-Travers des absinthes des autres régions", a-t-il ajouté.
Typicité neuchâteloise
Dans le cadre d'autres études en cours -en partenariat notamment avec l'Université de Neuchâtel ou le Jardin botanique de Genève-, les chercheurs vont voir si la plante absinthe prend une spécificité neuchâteloise lorsqu'elle est cultivée dans la région.
Une vingtaine de plants ont été récoltés ailleurs en Suisse et mis en terre au Jardin botanique de Neuchâtel. Les chercheurs vont analyser comment ces différentes souches d'absinthe vont croître et quels métabolites celles-ci vont développer. "Si l'on prouve une typicité, ce sera tout bénéfice pour les producteurs d'absinthe", a ajouté Blaise Mulhauser.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)