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L’Allemagne en alerte face à la peste porcine
12.12.2019 – Les autorités s'inquiètent de l'avancée rapide de cette maladie virale très contagieuse chez les suidés mais inoffensive pour les humains.
(ATS/AGIR) - Après des cas découverts en Belgique l'an dernier mais rapidement maîtrisés, les regards se tournent désormais vers l'est. L'apparition d'un foyer mi-novembre dans l'ouest polonais avait déjà inquiété la filière. Mais la découverte début décembre d'un sanglier porteur de la peste porcine africaine (PPA) à Nowogrod Bobrzanski, à seulement quarante kilomètres de la frontière, a mis les autorités allemandes en alerte. "La question n'est plus de savoir si la PPA atteindra l'Allemagne, mais quand! Le virus survit dans la boue des passages de roue jusqu'à 100 jours", s'émeut Torsten Reinwald, porte-parole de la Fédération allemande de chasse, interrogé par l'AFP.
Dans plusieurs régions allemandes, différentes méthodes sont donc testées pour traquer le cochon sauvage. Une unité spéciale de six chiens renifleurs formés à dénicher les sangliers décédés a, par exemple, été mise en place dans la Sarre, voisine de la France. Son but: retrouver rapidement d'éventuelles carcasses d'animaux qui étaient malades.
En Saxe, limitrophe de la Pologne, chasseurs, vétérinaires et secouristes se forment lors d'exercices pratiques. Armés de drones ou de caméras infrarouges, ils simulent l'apparition d'un cas infectieux et sa gestion. Plus au nord, le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale a acheté pour 50'000 euros une clôture électrifiée mobile de 50 kilomètres, dans l'espoir de limiter les passages de phacochères parvenant de Pologne. Une éventualité devenue réalité au Danemark: très prévoyant, le royaume scandinave vient de terminer la construction d'une barrière de 70 kilomètres sur sa frontière avec l'Allemagne, censée bloquer toute arrivée de sangliers.
Depuis 2014, le virus s'est d'abord propagé dans les pays de l'Est (Lettonie, Lituanie, Pologne, Serbie, Ukraine, Moldavie, Slovaquie, Roumanie), y faisant des ravages dans les populations porcines. "La possibilité d'une infection venant de sangliers malades traversant la frontière est très élevée, davantage aujourd'hui que par inadvertance humaine", admet Sandra Blome, responsable des laboratoires nationaux pour la peste porcine à l'Institut Friedrich-Loeffler. Cette dernière piste était pourtant jusqu'à présent privilégiée: un sandwich au jambon contaminé par la PPA, qui peut survivre plusieurs mois dans des produits fumés, jeté par terre et mangé par un sanglier.
"Depuis son apparition en Europe en 1957, le virus a presque toujours été importé dans d'autres pays par des aéroports ou des ports. Il a pu être exterminé partout, sauf en Sardaigne", rappelle Mme Blome. Des affiches informatives du ministère de l'Agriculture invitant les voyageurs à ne pas laisser traîner leurs restes de repas fleurissent ainsi dans les trains et aires de repos.
Bien qu'inoffensive pour les humains, cette maladie virale très contagieuse entraîne des hémorragies qui peuvent être fatales en quelques jours chez les sangliers et porcs domestiques. Aucun vaccin n'a encore fait ses preuves. L'abattage du bétail contaminé constitue le seul moyen de prévenir la propagation de l'épizootie, un cauchemar pour les éleveurs allemands. Produisant près de 5 millions de tonnes de cette viande chaque année, dont la moitié destinée au marché étranger, l'Allemagne est le premier exportateur européen de porcs. Mais au premier cas décelé de PPA, l'exportation hors UE de toute la production nationale devient impossible. "La probabilité que des pays comme la Chine imposent une interdiction totale d'importation est très élevée. Ils l'ont déjà fait en Belgique", s'inquiète Sarah Dhem, représentante de l'industrie allemande de la viande. Et les pertes économiques pourraient se compter en milliards d'euros, avec un marché européen submergé de porcs certes sains mais aux prix cassés.
Paradoxalement, l'Allemagne a jusqu'ici profité économiquement de la peste porcine qui fait des ravages depuis mi-2018 en Chine, où officiellement plus d'un million de cochons ont dû être abattus. Cette viande très appréciée là-bas a vu son prix flamber, et le pays devrait plus que doubler ses importations en 2019.
Conséquence pour la Suisse
Selon l’OSAV, le risque d’introduction de la maladie reste élevé pour la Suisse. Dans le bulletin radar de novembre, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, les autorités rappelle un certain nombre de règles. Les voyageurs ne doivent, par exemple, pas rapporter de viande de porc ou de sanglier provenant des régions touchées car le virus de la PPA peut survivre très longtemps dans l’environnement, en particulier dans le sang, les produits à base de viande et les cadavres.
Après les voyages de chasse dans les zones touchées, les chasseurs doivent nettoyer et désinfecter soigneusement matériel et véhicules avant le voyage de retour.
Les détenteurs de porcs sont par ailleurs appelés à respecter strictement les mesures de biosécurité et, en cas de symptômes peu clairs, ils doivent faire appel au vétérinaire d’exploitation qui procédera à un examen d’exclusion de la PPA. Et l’OSAV de préciser que depuis la parution du bulletin radar d’octobre 2019, des examens d’exclusion de la PPA ont été pratiqués dans 21 exploitations. (Plus d’information : https://www.blv.admin.ch/blv/fr/home/tiere/tierseuchen/uebersicht-seuchen/alle-tierseuchen/afrikanische-schweinepest-asp.html )
Auteur : ATS/AGIR