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Le prix du pain grimpe, mais pas forcément à cause de la guerre
06.04.2022 – En Suisse, le prix du pain et des pâtes a augmenté depuis le début de l'année. La hausse générale des coûts mais aussi la mauvaise récolte de 2021 sont davantage responsables que la flambée des cours du blé à cause de la guerre en Ukraine.
Pour le prix du pain, "on commence à être sur une tendance à la hausse", a expliqué Jean Busché, responsable Economie à la Fédération romande des consommateurs (FRC) auprès d'AWP. De janvier à mars, le prix à la consommation de cet aliment de base a augmenté de 2,4%, selon l'Office fédérale de la statistique (OFS). Pour les pâtes alimentaires, l'envolée est encore plus nette, frôlant les 10,5%.
Pour l'expert, il est "difficile d'isoler la part de cette augmentation directement liée à la guerre en Ukraine", grand pays producteur de blé, car "la chaîne de valeur est assez étendue pour un kilo de pain". Les facteurs sont nombreux au-delà du blé, "il y a aussi le transport, le moulin,..."
Selon l'Association suisse des patrons boulangers-confiseurs (BCS), les professionnels ne subissent pas de conséquences liées à la guerre en Ukraine. En revanche, "la plupart de nos membres ont augmenté leurs prix en décembre et janvier", a souligné une porte-parole de l'association professionnelle de 1400 membres. En novembre dernier, celle-ci a attiré l'attention sur les dépenses pour les matières premières, l'emballage, l'énergie, les frais liés aux cartes de crédit et de débit, qui ont augmenté jusqu'à 15%.
Encore des hausses à venir
A la Fédération des Meuniers Suisses (FMS), il n'y a "pas de panique", a assuré Lorenz Hirt, son directeur. "En Suisse, environ 15% des céréales sont importées chaque année, dont 2% de Russie et d'Ukraine." L'impact financier de la guerre en Ukraine ne peut pas encore être quantifié, selon le responsable. La filière ressent, comme d'autres, la hausse des coûts (gaz, emballage, logistique).
Les meuniers se préoccupent particulièrement de "la qualité de la prochaine récolte" en Suisse, qui influencera les quantités d'importations de France, d'Allemagne ou du Canada, tirant potentiellement les prix vers le haut.
Swiss granum, l'interprofession suisse des céréales, oléagineux et protéagineux, a expliqué dans une prise de position le mois dernier que la faible récolte de 2021 ainsi que les stocks de céréales panifiables ne suffiront pas jusqu'à la prochaine récolte. La branche a demandé "une augmentation du contingent tarifaire de céréales panifiables" pour assurer l'approvisionnement en Suisse, couvert dans une année normale par la récolte locale. "Cette augmentation n'est pas liée à la guerre en Ukraine, mais est due à la faible récolte 2021", a insisté l'organisation.
Du côté des distributeurs, Coop a prévenu qu'il y aura certainement des augmentations de prix dans les prochains mois. Migros ne pourra "vraisemblablement pas" empêcher une accélération des tarifs à moyen terme.
La Fédération romande des consommateurs se dit vigilante "quant à d'éventuelles hausses des prix indues de la part des distributeurs, qui augmenteraient leurs marges au détriment des consommateurs finaux".
Auteur : Agence Télégrsphique Suisse (ATS)