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Les arbres comme témoins de la pollution
05.01.2023 – Les arbres absorbent les nanoparticules de métal présentes dans l’air et le sol et les stockent dans leur tronc, comme le démontre une expérience de l’institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Cela ouvre des possibilités pour détecter à l'année près la pollution de l’environnement via les cernes de croissance.
Cette étude publiée dans la revue Tree Physiology montre que les arbres stockent des nanoparticules - plus de mille fois plus fines qu’un cheveu humain - dans leur bois. Il peut s'agir de polluants, de métaux lourds toxiques comme l’aluminium ou le plomb ou d'adjuvants industriels qui transportent des substances actives, par exemple dans les crèmes solaires ou les pesticides.
Il était connu que les plantes agricoles absorbent de telles particules de l'environnement. Paula Ballikaya, doctorante au WSL, a voulu vérifier s'il en était de même pour les arbres. Elle a démontré dans une expérience en serre que des nanoparticules intactes pouvaient passer à travers les feuilles et atteindre d’autres parties de l'arbre.
Pour leur expérience, la chercheuse et ses collègues ont pulvérisé en laboratoire des nanoparticules d'or sur de jeunes hêtres et pins sylvestres. Ils ont choisi d’utiliser l'or car ce métal ne nuit pas aux arbres et est facilement détectable dans les tissus végétaux, a indiqué le WSL jeudi dans un communiqué.
Après une vingtaine de jours, ces nanoparticules étaient présentes non seulement dans les feuilles, mais aussi dans le tronc et les racines. La voie d’accès aux tissus foliaires passe probablement par les stomates. Situés à la surface des feuilles, ces minuscules pores permettent à l'arbre d'échanger des gaz avec l’air.
De là, elles se dispersent dans tout l'arbre d'une manière encore inconnue. Lorsque Paula Ballikaya avait irrigué les racines avec de l'eau contenant des nanoparticules, celles-ci ont également atteint le tronc, mais on en a trouvé davantage dans celui des arbres dont les feuilles avaient été traitées.
Chimie des cernes
L'expérience prouve que les arbres absorbent dans leur bois des nanoparticules et qu'on peut en trouver les traces des années plus tard. C'est l'approche qu'utilise la dendrochimie, c’est-à-dire la chimie des cernes de croissance des arbres. Cela permet de déterminer la pollution de l'environnement à l'année près.
Les auteurs suggèrent donc d'ajouter la dendrochimie aux programmes de monitoring environnemental. Mais d'abord, des recherches supplémentaires sur la manière dont les nanoparticules se dispersent dans les arbres sont nécessaires, conclut le WSL.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)