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Les arbres ne poussent que peu de jours par an
09.12.2021 – Les arbres ne poussent en moyenne que 29 à 77 jours par an en Suisse, selon une étude de l'institut WSL. L'allongement de la période de végétation liée au réchauffement climatique n'y change rien et pourrait même avoir l'effet inverse.
Des chercheurs de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), avec des confrères internationaux, ont analysé des données de croissance mesurées automatiquement chaque jour pendant huit ans sur 160 arbres répartis sur 47 sites dans toute la Suisse.
À leur grande surprise, les nouvelles cellules de bois ont été formées en peu de jours, et ce, chez les sept espèces d'arbres de l'étude. Dans l'ensemble, la croissance s'accélérait au printemps, avec un pic d'avril à juin et un ralentissement, généralement marqué, juste avant le solstice d'été.
Quelques jours déterminants
Les résultats montrent que seule une petite partie de la période de végétation (12% à 30%) est effectivement utilisée pour la croissance annuelle. En effet, sur une année, la période de végétation compte environ 250 jours, dont 90 à 120 pendant lesquels la croissance est effectivement possible. Or les arbres n'utilisent pas entièrement cette fenêtre.
"Nous avons été surpris de constater que nos sept espèces d'arbres ne poussent en moyenne que 29 à 77 jours par an", commente Sophia Etzold, biologiste au WSL à Birmensdorf et première auteure de l'article, citée jeudi dans un communiqué de l'institut.
C'est le sapin qui a poussé pendant le plus de jours et le pin qui en a utilisé le moins. L'épicéa, en revanche, a enregistré les taux de croissance journaliers les plus élevés, mais pendant seulement 43 jours par an en moyenne.
Pas plus de croissance
Plus un arbre forme de bois, plus il peut stocker du carbone atmosphérique. La nouvelle étude met en évidence que la durée de la période de croissance ne fait guère de différence. Un démarrage précoce avant avril et une fin tardive après octobre ont même tendance à se solder par une croissance annuelle moindre.
Le réchauffement climatique a certes allongé la période de végétation, dans laquelle les conditions de croissance sont suffisantes pour les arbres sous nos latitudes. Cet avantage ne peut cependant pas compenser les effets négatifs de la chaleur et de la sécheresse pendant les mois d'avril à juin, lorsque la croissance se produit effectivement.
Tout porte à croire que nos arbres suivent une horloge interne qui réduit leur croissance à partir du solstice d'été, même si les conditions ambiantes sont encore bonnes. La diminution de la longueur du jour signale à l'arbre qu'il doit achever sa croissance et donner la priorité à d'autres processus pour se préparer à l'arrivée de l'hiver ? par exemple la lignification des parois cellulaires secondaires, ou la formation de fruits, de bourgeons et de réserves.
Nuits fraîches et humides
Pour le stockage de carbone par les forêts, il importe peu que la période de végétation s'allonge, mais plutôt de savoir s'il y aura à l'avenir des fenêtres temporelles offrant de bonnes conditions de croissance.
Or, comme récemment rapporté par le WSL, ce sont surtout les heures fraîches et humides pendant la nuit qui permettent la division cellulaire des arbres. Il est donc permis d'espérer que quelques nuits humides suffisent pour que les arbres réalisent leur croissance annuelle, même dans des conditions généralement plus sèches. Ces travaux sont publiés dans la revue Ecology Letters.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)