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Les Pays-Bas construisent cinq nouvelles îles pour la biodiversité
18.12.2018 – C'est l'une "des plus grandes opérations de restauration de la nature en Europe", souligne André Donker, garde forestier.
"Cela grouillait de poissons ici avant", soupire le garde forestier André Donker, le regard perdu dans les flots gris et agités du Markermeer, l'un des plus grands lacs d'eau douce d'Europe. Il a encore en tête les cris d'oiseaux migrateurs. Autrefois précieux atout écologique, cette vaste étendue d'eau de 700 km2 dans le nord des Pays-Bas, qui permet de réguler le niveau des flots dans le reste du pays, n'est plus qu'une masse trouble dépourvue de vie aquatique. C'est pourquoi un archipel de cinq îlots a récemment été construit, selon une technique innovante, avec un seul et unique dessein: redynamiser l'écosystème du lac. C'est l'une "des plus grandes opérations de restauration de la nature en Europe", souligne le garde forestier.
L'écosystème de la zone a été bouleversé au cours des dernières décennies, après la construction d'une digue séparant le lac de l'étendue d'eau voisine, l'Ijsselmeer. Les sédiments, autrefois emportés par les courants, se sont mis à tomber au fond du lac, rendant l'eau trouble et faisant diminuer les populations de poissons et d'oiseaux, sur les plantes et les mollusques.
Le projet, lancé par Natuurmonumenten, une ONG pour la préservation de la nature aux Pays-Bas, a coûté 60 millions d'euros. Les îles ont pu voir le jour grâce à des dons de particuliers et à un partenariat regroupant l'ONG, le ministère de l'agriculture, le ministère des infrastructures et de la gestion de l'eau, des associations de pêcheurs et de protection de la faune et de la flore, ainsi que les régions Flevoland et Hollande du Nord.
"Construire une île avec du sable n'est pas si difficile, on le fait partout dans le monde. Ce qui est unique ici, c'est que nous utilisons du limon", explique auprès de l'AFP Jeroen van der Klooster, chef de projet chez Boskalis, le fournisseur de services maritimes qui a conçu l’archipel. Son équipe a creusé sur l'île principale un "couloir" de 1,2 km de long qui permet au limon, emmené par les forts courants marins, de former des zones marécageuses, terreaux fertiles et réservoirs de nourriture pour les oiseaux migrateurs.
Sur l'île principale, ouverte au public, ont été construits trois observatoires d'oiseaux, également en bois, ainsi qu'une habitation pour le gardien de l'île. Les quatre autres îles sont exclusivement réservées à la faune et la flore et ont déjà servi d'aire de repos à 30'000 hirondelles cette année.
Auteur : ATS/AGIR