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Les tracteurs à Paris avant l'ouverture du Salon de l'Agriculture
23.02.2024 – Des tracteurs défilaient vendredi à Paris. Le syndicat majoritaire des agriculteurs a demandé à Emmanuel Macron de renoncer au débat qu'il veut orchestrer samedi au Salon de l'agriculture, dans un regain de tension aux allures de fiasco pour le gouvernement.
Une trentaine de tracteurs étaient installés dans le centre de la capitale française, derrière le monument des Invalides, après avoir traversé dans la matinée la capitale depuis l'ouest, dans un concert de klaxons et sous les applaudissements des passants.
"On cherche à faire des choses symboliques, des choses qui ont du sens", a expliqué Célestin. "Ce qu'il nous faudrait, c'est des prix, la baisse des exigences environnementales et fiscales", estime ce jeune homme de 19 ans, au volant de son tracteur. Un autre cortège était attendu vendredi devant l'entrée du Salon de l'agriculture qui doit ouvrir samedi au public pour neuf jours.
"Erreur de com'" ?
Le gouvernement s'efforce depuis un mois de répondre aux agriculteurs qui manifestent pour obtenir un meilleur revenu et moins de contraintes administratives et environnementales, au prix de concessions sur les pesticides.
L'exécutif a encore annoncé vendredi que les éleveurs ayant perdu des chèvres ou des brebis à cause du loup seraient mieux indemnisés et que le protocole de tir contre l'animal protégé était assoupli.
Il a cependant suffi que l'Elysée annonce un débat samedi au Salon de l'agriculture et évoque parmi les participants le collectif des Soulèvements de la Terre, écologistes connus pour leur combat radical contre l'agriculture intensive, pour rallumer la mèche de la colère qui semblait retomber depuis trois semaines.
Une "erreur de communication", selon l'exécutif. "Une provocation inacceptable", a rétorqué le président de la FNSEA (syndicat majoritaire de la profession), Arnaud Rousseau, qui a obligé le gouvernement à rétropédaler.
Boycott
A la suite d'une réunion du conseil d'administration de la FNSEA, M. Rousseau a annoncé qu"aucun représentant" de l'organisation ne participerait au débat. Il a même demandé à "ne pas tenir ce débat", évoquant un "climat d'exaspération" et des "risques de débordement".
La présidente du syndicat Coordination rurale, Véronique Le Floc'h, a indiqué à l'AFP que ses responsables nationaux ne prévoyaient pas de débattre avec Emmanuel Macron, mais que "plusieurs adhérents" y seront s'il est maintenu.
"Arnaud Rousseau a fait pression pour ne pas se retrouver face à nous et Macron s'est couché. Qu'il soit rassuré: nous n'aurions pas participé à cette supercherie, mais merci pour le spectacle!" ont ironisé Les Soulèvenements de la Terre.
Le tacle de Leclerc
Le médiatique représentant du premier distributeur alimentaire français E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a qualifié de son côté le débat de "grossière manipulation", dénonçant un "coup de com pas vraiment au niveau de la situation".
"Ça va être un salon d'explications, un salon qui pourrait être un peu viril - on peut être viril mais correct - parce que le monde agricole a besoin tout de suite de réponses précises sur 'On fait quoi, quand ?'", a confié à l'AFP le président du Salon, Jean-Luc Poulain.
Les organisateurs n'ont toutefois pas dérogé à la tradition: sa vache égérie, Oreillette, une Normande de cinq ans, descendue de sa bétaillère vendredi matin devant une nuée de journalistes, a reniflé le bitume puis a été amenée vers la salle où elle sera présentée en majesté jusqu'au 3 mars.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)