Main Content
L'industrie agroalimentaire poussée à investir dans la durabilité
18.06.2024 – L'industrie agroalimentaire doit se transformer pour intégrer la problématique de la durabilité à travers sa chaîne de valeur. L'enjeu est colossal, mais les défis restent nombreux, selon une étude menée par le cabinet de conseil en durabilité Quantis et présentée mardi à Zurich.
"Il faut que les entreprises du secteur de l'alimentation et des boissons voient plus loin que leur prochain bilan trimestriel. Aucune mesure pour la durabilité ne pourra fournir un retour sur investissement en trois mois, mais ceux qui n'investissent pas échoueront" a prévenu Allon Zeitoun, directeur général de Quantis, une société du cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group (BCG).
L'évolution de la réglementation est le premier élément qui pousse les entreprises agroalimentaires à être plus durables, cité par 45% des sondés, selon les résultats du sondage, auprès d'entreprises européennes et américaines. Suivent la volonté de répondre à la demande des consommateurs (36%) et les économies de coûts (34%). Toutefois, seulement 30% des personnes interrogées se déclarent confiantes au regard du plan de leur entreprise pour atteindre les objectifs de durabilité.
Si les entreprises reconnaissent l'importance de la problématique, de nombreux freins continuent en effet de ralentir leurs progrès. La complexité des chaînes logistiques est le premier défi cité par les sondés (42%). "Plus un produit est complexe, plus la difficulté augmente", explique M. Zeitoun. Un montant des investissements trop élevés (36%) et le manque de standards bien établis (26%) constituent également d'importants obstacles.
Une durabilité aux multiples dimensions
La problématique de la durabilité doit s'intégrer dans toutes les fonctions de l'entreprise, du développement des produits, à l'approvisionnement en matières premières, en passant par les aspects comptables, avec la création de valeur que peut permettre une amélioration de la durabilité, mais aussi la prise en compte du risque environnemental dans les décisions financières. Le marketing joue aussi un rôle clé pour façonner la demande, en encourageant les produits plus durables, par la publicité, mais aussi par les prix, selon le rapport.
De nombreuses questions restent encore en suspens pour les industriels participant à la conférence. À qui incombe ainsi la responsabilité de la transformation du secteur agricole ainsi que le financement de la transition, qui sont essentiels pour que l'industrie agroalimentaire progresse? Comment rendre compte dans les rapports financiers des émissions évitées? Quelle place pour l'innovation technologique qui repense notre rapport à la nourriture avec de nouveaux moyens de produire des protéines animales sans avoir recours à l'élevage et comment l'encourager?
"Il faut voir la durabilité comme un projet de recherche & développement de médicament dans une entreprise pharmaceutique, c'est-à-dire mener en parallèle plusieurs tentatives, certaines fonctionneront, d'autres échoueront", explique M. Zeitoun. "Le coût de l'inaction est toutefois trop important pour constituer une option".
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)