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Nestlé ouvre un nouveau chapitre de son histoire
23.08.2024 – La nouvelle a fait l'effet d'une bombe: Nestlé changera de patron d'ici quelques jours. Cette annonce aussi soudaine qu'abrupte tranche avec les habitudes de la multinationale veveysane et n'a pas manqué d'éveiller des interrogations.
A compter du 1er septembre, c'est le Français Laurent Freixe, 62 ans, qui prendra les commandes du géant de l'alimentation. Le Germano-Américain, Mark Schneider, artisan de la transformation du groupe ces huit dernières années quitte ses fonctions, avec effet quasi immédiat.
Les raisons de ce brusque changement n'ont pas été explicitées. Lors d'une conférence téléphonique vendredi, son président, Paul Bulcke, et Laurent Freixe ont souligné de concert la nécessité d'améliorer la performance et de gagner des parts de marchés. "Je me concentre sur la croissance organique" en mettant l'accent sur les catégories de produits à fort potentiel, a déclaré le nouveau patron.
Sur la sellette
Pour les analystes, la pression sur l'actuel patron ne faisait qu'augmenter au cours des derniers trimestres, avec des résultats systématiquement en deçà des attentes. "Les objectifs ont dû constamment être revus à la baisse, ce qui tend à éroder la confiance des investisseurs", a souligné Jean-Philippe Bertschy de la banque Vontobel.
Sur les six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a ainsi reculé de 2,7% sur un an à 45 milliards de francs. L'entreprise vise désormais une croissance d'au moins 3%, contre 4% auparavant.
Le bénéfice récurrent par action à taux de change constants est attendu autour de 5%, contre 6 à 10% jusqu'à présent. "Ce changement de patron semblait inévitable", a commenté David Hayes chez Jeffries.
Dès lors, Laurent Freixe est attendu au tournant. Sa première mission sera de retrouver une certaine stabilité afin de regagner la confiance des investisseurs, a souligné Jean-Philippe Bertschy. Pour JP Morgan, le groupe doit se recentrer sur l'innovation et les gains de parts de marché, ce qui nécessitera probablement "un réinvestissement substantiel".
Des investissements seront nécessaires tant dans la recherche et le développement que dans la productivité, a déclaré Laurent Freixe, prévoyant en outre d'accélérer la transition numérique. Il a souligné l'ampleur colossale de la tâche au vu de la complexité du groupe: "nous sommes à la fois le groupe le plus global et le plus local au monde."
Rien n'a été dit sur d'éventuelles prévisions, "le but de cet entretien n'est pas de commenter nos objectifs", a balayé M. Bulcke.
Encore sous le coup de la surprise et face à l'ampleur de la tâche qui attend le nouveau patron, les marchés ont sanctionné le titre qui a décroché de plus de 4% à l'ouverture de la Bourse suisse. Mais réduisant peu à peu ses pertes durant l'après-midi, la nominative a terminé la séance en hausse de 0,11% à 89,54 francs, l'indice phare SMI clôturant lui en progression de 0,34%.
Retour aux sources
Reste qu'avec la nomination d'un fin connaisseur des rouages et de la culture d'entreprise de Nestlé, les analystes anticipent une transition "en douceur" observe Sarah Simon chez Morgan Stanley. Car, si la manière tranche avec la tradition - une passation de pouvoir au sein de Nestlé se déroule généralement sur plusieurs mois, voire plusieurs années - le choix de Laurent Freixe constitue un retour aux racines pour le groupe.
Ce "vétéran", qui cumule plus de 38 ans au sein de la multinationale, dont seize ans au comité exécutif, faisait d'ailleurs partie des favoris parmi les papables à la succession de Paul Bulcke en 2017. Et lors de la conférence téléphonique de vendredi, tous deux semblaient parfaitement alignés sur la même longueur d'ondes.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)