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Pesticides - Certains néonicotinoïdes persistent jusqu'à 40 mois dans le miel, selon une étude neuchâteloise
19.02.2019 – Les chercheurs s'inquiètent de la longue stabilité de ces molécules pour la santé des abeilles et des humains.
(ATS/AGIR) - "Si ces substances sont rapportées à la ruche avec le nectar, cela signifie que l’ensemble de la colonie, y compris la reine, est exposée durant toute une vie à des neurotoxiques", explique Blaise Mulhauser, directeur du Jardin botanique de la Ville de Neuchâtel.
"De même, le miel destiné à la consommation humaine conservera une concentration identique de pesticides durant de nombreux mois", ajoute Edward Mitchell, professeur de biologie à l’Université de Neuchâtel (UniNE) et co-auteur de l’étude.
"Bien que pour l’instant seuls quelques échantillons analysés dépassent les normes en vigueur pour la consommation humaine, nous ne savons pas encore bien quel impact ces substances ont sur la santé humaine à long terme", note le professeur, cité mardi dans un communiqué de l'alma mater neuchâteloise.
Côté quantification de molécules, la Plateforme neuchâteloise de chimie analytique (NPAC) a réalisé une prouesse: détecter une concentration de 2 picogrammes d’une substance par gramme de matière, soit l’équivalent d’une masse d’une pièce de cinq centimes dans une masse égale à 9 fois celle de la tour Eiffel.
Le gain de sensibilité jusqu’à 1000 fois supérieur aux méthodes utilisées précédemment permet de mieux détailler les niveaux de pesticides présents dans l’environnement.
"Les taux maximaux autorisés pour la consommation humaine sont de l’ordre de 50'000 pg/g, alors que la santé des abeilles et d’autres insectes bénéfiques pour l’homme est affectée à partir de 100 pg/g. Cela représente tout de même des milliards de molécules dans le cerveau d’une abeille", observe Edward Mitchell.
Ces travaux publiés dans la revue Environmental Pollution complètent une étude parue dans Science en 2017. Par rapport à la première recherche, la présence de quatre autres molécules non testées à l’époque (dinotéfurane, nitenpyrame, sulfoxaflor et flupyradifurone) a été établie dans 28% des 36 échantillons analysés. "Le dinotéfurane et le nitenpyrame ne sont pas des substances nouvelles", indique Gaétan Glauser, responsable du NPAC et auteur principal de l’étude. "Elles sont juste moins utilisées et donc moins souvent mesurées, mais pour avoir une vision globale, nous avons voulu les inclure.
Le dinotéfurane n’est pas autorisé en Suisse, mais il est utilisé aux Etats-Unis et au Japon. Le nitenpyrame est peu utilisé en agriculture, plutôt en usage vétérinaire", poursuit le spécialiste.
Quant au sulfoxaflor et à la flupyradifurone, le débat fait actuellement rage concernant leur appartenance à la classe des néonicotinoïdes ou pas.
"Les premières études scientifiques ont démontré que ces molécules ont les mêmes effets que les autres néonicotinoïdes et partagent un mode d’action similaire ciblant les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine dans le système nerveux", explique Gaétan Glauser.
"Plutôt que d’attendre 10 ou 20 ans pour tester leurs effets de manière exhaustive, il semble plus raisonnable d’appliquer le principe de précaution et de considérer ces nouvelles molécules comme des néonicotinoïdes", conclut le chercheur.
Auteur : ATS/AGIR