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Plan d'action neuchâtelois pour les réduire les pesticides
29.03.2022 – Le canton de Neuchâtel ne peut pas légalement interdire l'utilisation des pesticides sur son sol, comme le demandait un postulat initialement déposé par la Verte Céline Vara, et adopté en janvier 2019 par le Grand Conseil. Le Conseil d'Etat a toutefois élaboré un plan cantonal avec 15 mesures pour réduire le recours aux pesticides et autres biocides.
"L'avis de droit montre que le canton ne dispose pas de compétence large pour interdire l'utilisation de ces produits, celle-ci étant réglée pour l'essentiel par le droit fédéral", a déclaré mardi le conseiller d'Etat Laurent Favre, en charge de l'environnement. Le canton a toutefois une petite marge de manoeuvre, notamment dans ses propriétés et dans les réserves naturelles.
Comme les initiatives fédérales sur les pesticides ont été refusées en juin 2021 par la population suisse, Neuchâtel ne peut pas interdire les pesticides de synthèse, tout au plus inciter à y renoncer, ce qui a aussi un coût, a ajouté le député PLR Stéphane Rosselet.
"L'usage des produits phytosanitaires est en recul dans le canton, en lien avec l'essor de la production intégrée et biologique", a expliqué Laurent Favre. Pour améliorer la qualité des eaux de surface et souterraines, ainsi que celle de l'eau potable, "même si elles sont actuellement considérées de bonne qualité", un plan d'action a été mis en place dans les domaines de l'agriculture, de la viticulture, de la sylviculture et des usages domestiques.
Le plan d'action phytosanitaire" est "volontariste" et "ambitieux", car il traite l'ensemble de la problématique des résidus et pas uniquement que l'aspect agricole. Il est aussi "unique" à l'échelle cantonale, a ajouté le conseiller d'Etat.
Opposition de l'UDC
Une partie du financement nécessaire à ce plan d'action sera assuré par le budget ordinaire de l'Etat et le solde par le fonds cantonal des eaux. La redevance cantonale sur les eaux pourrait augmenter de 10 centimes par m3 à 80 centimes, ce qui permettrait de dégager un million de francs par an supplémentaires. "Mais cela ne sera pas le cas en 2022", a déclaré Laurent Favre.
Pour le député UDC Quentin Geiser, cette hausse serait problématique car les gros consommateurs d'eau, comme les fromageries ou les agriculteurs, seraient pénalisés. Pour ce motif notamment, les huit députés UDC ont refusé le projet de loi, accepté par les 90 autres parlementaires cantonaux.
Manque d'ambition
Les groupes VertPOP, socialiste et Vert'libéral ne se sont pas opposés à la loi, qui est "une première étape", mais estiment que le plan d'action manque d'ambition. A trois points de mesures dans le canton, l'eau potable est problématique, a expliqué Martine Docourt Ducommun. "Nous devons être vigilants", a ajouté la socialiste qui a déploré que la problématique des sols n'ait pas du tout été traitée.
Pour la Verte Céline Barrelet, le plan d'action n'est pas assez ambitieux pour limiter les risques et prendre le contrôle sur la contamination massive de la population et des sols. Pour la Vert'libérale Jennifer Hirter, "il faut poser les bons jalons, car on a la responsabilité vis-à-vis des générations futures d'offrir un environnement sain et durable".
Le classement du postulat Vert a été accepté par 62 oui, 34 non et 2 abstentions. Des députés Verts, vert'libéraux et socialiste s'y sont opposés. Par rapport à la qualité des eaux, le canton a expliqué qu'il va approfondir la problématique du chlorothalonil et des néonicotinoïdes. Un rapport sera publié à l'automne.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)