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Quatre fois plus d'épiceries alternatives qu'en 2009 en Suisse romande
23.12.2024 – Les épiceries alternatives ont connu un véritable essor ces dernières années en Suisse romande: leur nombre a quasiment quadruplé depuis 2009 pour atteindre 149 enseignes fin 2023. Le phénomène semble toutefois se tasser et les fermetures sont en hausse.
Selon un rapport de l'Association des artisans de la transition, il existe actuellement une épicerie alternative pour 16'000 habitants en Suisse romande, contre une pour 50'000 il y a 15 ans. "Les années où les épiceries ont pris leur essor correspondent à cette période où les gens étaient dans l'action locale, avec la volonté de créer et de lancer des initiatives locales", explique Jacques Mirenowicz, codirecteur des Artisans de la transition, interrogé par Keystone-ATS.
Selon lui, cette tendance s'est accélérée après des événements comme le sommet de Copenhague sur les changements climatiques en 2009 et la COP21 à Paris en 2015. Ils ont renforcé la sensibilisation écologique et favorisé des mouvements comme le zéro déchet.
Grande présence du bio
Bio, locale, en vrac, participative ou directement organisée par des producteurs et productrices, une épicerie peut être qualifiée d'alternative, selon les Artisans de la transition, lorsqu'elle se distingue de la grande distribution et des circuits de l'industrie agroalimentaire.
Les épiceries de type bio sont les plus représentées en Suisse romande avec 80 enseignes fin 2023. Il y avait 38 vracs, 27 participatives et quatre coopératives. "Le modèle bio est le plus simple et le plus classique. Les épiceries bio sont là depuis les années 30. Le bio est une institution bien installée, une valeur sûre et connue", relève Jacques Mirenowicz.
Mais des fermetures en hausse depuis 2022
Malgré une présence de plus en plus marquée dans le paysage alimentaire, les épiceries alternatives n'échappent pas aux difficultés. Le nombre de fermeture n'a jamais été aussi élevé: 19 enseignes ont disparu en 2022 et 21 en 2023.
Jacques Mirenowicz identifie deux facteurs: "La pandémie a eu un effet anesthésiant sur les populations. Il y a eu une baisse générale d'engagement et de motivation qui a concerné tous les domaines". L'inflation et la baisse du pouvoir d'achat ont aussi eu un rôle sur ces fermetures. "De nombreux ménages ont moins fréquenté ces petites structures et y ont moins fait leurs courses", remarque Jacques Mirenowicz.
Respect des prix des producteurs
Les épiceries alternatives sont "bien plus que des canaux de distribution où on peut manger des produits de bonne qualité", affirme le codirecteur des Artisans de la transition. Et d'ajouter: "Ce sont aussi des lieux où on peut mieux comprendre comment fonctionne le système alimentaire".
Selon lui, ces enseignes font partie des circuits courts, ne négocient pas les prix que leur demandent les producteurs et prennent des marges raisonnables en toute transparence. "Si personne n'achète un produit, l'épicerie en informe le producteur qui peut revoir son prix à la baisse", détaille Jacques Mirenowicz.
Pour que les épiceries alternatives puissent s'imposer durablement, une meilleure visibilité et compréhension de leur fonctionnement sont essentielles. "Il faudrait que les consommatrices et consommateurs comprennent mieux ces lieux, pourquoi ils existent et leur importance dans le système alimentaire", souligne Jacques Mirenowicz.
Afin de conforter l'élan envers les épiceries alternatives, les Artisans de la transition publieront un dossier de LaRevueDurable et un film "Irremplaçables épiceries!", sur les atouts et les moyens de fortifier ce type de commerce, en mars 2025.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)