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Une initiative valaisanne pour envoyer un "signal" à Berne
08.11.2021 – L'initiative "Pour un canton du Valais sans grands prédateurs" soumise aux urnes le 28 novembre ne demande pas l'éradication du loup en Valais, affirment ses partisans conscients de l'ambiguïté du titre. Le texte vise à donner plus de marge de manœuvre au canton, à soutenir les éleveurs et à envoyer "un message fort" à Berne.
L'initiative exige l'introduction d'un nouvel article 14bis dans la Constitution cantonale. Elle vise trois axes: l'amélioration de la protection des troupeaux face aux grands prédateurs (loups, lynx, ours et chacals dorés), la limitation et la régulation de ces derniers ainsi que l'interdiction de leur "promotion".
Même si la population valaisanne se prononçait en faveur de l'initiative, le comité non partisan qui la soutient, concède que toutes les parties de ce texte ne pourront pas être effectivement mises en place à l'issue du scrutin, la gestion de la population de loups étant l'apanage de la Confédération.
Il souligne en revanche que ce texte donnera au canton un "mandat contraignant" pour tous les aspects qu'il peut gérer seul et enverra parallèlement un "signal fort" à Berne qui se penche actuellement sur la "problématique" du retour du loup. De manière à ce que la Confédération aille dans le sens du texte voté par le Valais. Il l'a fait savoir lundi devant la presse à Sion lors du lancement de sa campagne.
Les effets, selon les partisans
Pour le conseiller national PDC Sidney Kamerzin, les prescriptions qu'édictera le canton pour répondre aux trois parties de cette proposition d'article "pourraient par exemple permettre d'augmenter les moyens juridiques et les ressources humaines". Car oui, relèvent tous les intervenants présents, la cohabitation entre le grand prédateur et l'humain - cohabitation qu'ils ne rejettent pas - a un coût estimé à plusieurs millions de francs.
Cette initiative permettrait "d'optimiser la protection des troupeaux" en donnant le mandat clair au canton d'y investir plus de moyens, abonde Christine Cavalera, experte en protection des troupeaux sur mandat du service cantonal de l'agriculture. Une manière de pallier les mesures fédérales "insuffisantes car pas applicables partout et par tous les éleveurs" en raison soit de la topologie, soit de leurs coûts en temps et en travail.
Aujourd'hui, seules deux races de chiens de protection sont agréées par la Confédération, illustre-t-elle. Concrètement celui qui demande un chien aujourd'hui ne l'aura pas avant 2023, détaille-t-elle. Or, si le canton propose des mesures alternatives comme le recours à des nouvelles races de chiens de protection de troupeaux testés et compétents, il serait possible d'y répondre plus rapidement. Certaines d'entre elles pourraient être appliquées dès l'estivage 2022, complète Vincent Roten, député PDC et membre du comité de la chambre valaisanne de l'agriculture.
Limiter la promotion
En cas de "oui", le canton pourra également interdire toute forme de promotion des grands prédateurs. "Il ne s'agit pas de museler la liberté d'expression, mais d'interdire tout élément qui pourrait aider au développement d'une meute. L'idée avec cette notion, c'est d'éviter la propagation d'une vision romantisée du loup qui mène à un déséquilibre des forces au sein de la nature", explique Robin Udry (PDC), seul francophone au sein du comité qui a déposé l'initiative en 2017.
Le député UDC au Grand Conseil Grégory Logean note que les projets étatiques ou ceux qui seraient soutenus financièrement par l'Etat sont particulièrement visés. En clair, un musée public qui présenterait la vie du loup pourrait se voir réprimander s'il ne parlait pas non plus de "ses effets néfastes sur l'agriculture et les éleveurs". Si le texte est accepté, ces éléments seront discutés au Grand Conseil lors de l'élaboration d'une loi d'application.
"Tout exploiter"
La question de la limitation et de la régulation est plus délicate.Selon Grégory Logean et Sidney Kamerzin bien que "faible", la marge de manoeuvre du canton "n'est pas inexistante" et serait légitimée par un "oui" du peuple valaisan. Le Conseil d'Etat doit "exploiter toutes les possibilités à sa disposition", note le député UDC, qui estime le gouvernement encore "trop timide" sur la question.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)