Sans ces insectes si familiers, la pollinisation serait inenvisageable pour plusieurs cultures. Or, cette phase est incontournable afin de s’assurer des rendements à la fois réguliers et de qualité. Ce diagnostic vaut en particulier dans le cas de l’arboriculture fruitière. Autrement dit, sans les abeilles, nous serions privés de pommes, de poires ou encore de cerises. Il n’y a dès lors rien de surprenant à ce que les arboriculteurs se préoccupent de leurs assistantes ailées. D’autant plus que les effectifs de l’espèce la plus présente (l’abeille mellifère) n’ont cessé de reculer ces deux dernières décennies, ceci pour des motifs qui ne sont pas complètement élucidés.

«Les abeilles sont précieuses pour nous. Nous prenons garde à ne pas utiliser de traitements qui nuiraient aux colonies que nous confient leurs propriétaires. Le maniement des machines constitue un autre point auquel nous prêtons attention afin de ne pas endommager les ruches», confirme Xavier Moret, qui produit des abricots et des petits fruits dans la région de Martigny. Pour être concret, ses collègues et lui collaborent avec des apiculteurs ou possèdent leurs propres ruches. Ils en installent en général deux à quatre à l’hectare dans leurs vergers. Il est dès lors crucial pour eux de préserver les excellentes relations qu’ils entretiennent avec leurs partenaires.

Pas si simple
Disposer ces ruches aux quatre coins des vergers et se contenter d’attendre que les abeilles fassent leur travail n’est pas la façon dont se déroule une telle collaboration. Un vrai savoir-faire est requis pour espérer bénéficier de leurs bons offices. Les abeilles arrivent par exemple nourries sur site. La nature des cultures importe aussi. Le temps de séjour des abeilles n’est en effet pas identique pour des pommiers que pour des abricotiers. «On parle de 15 jours pour les abricots, alors que ce sont jusqu’à cinq semaines qui sont nécessaires en ce qui concerne les fruits à pépins», complète Xavier Moret.

À l’image de ses confrères, il accorde une place de plus en plus prépondérante à la notion de biodiversité entendue dans un sens large. Il a notamment installé plusieurs biotopes, dont des empierrements et des enchevêtrements de branchages. Grâce à ces initiatives basées sur le volontariat, Xavier Moret favorise la présence d’autres animaux bénéfiques aux cultures, tels que les hérissons, les couleuvres et les hermines. Ces dernières sont de grandes consommatrices de souris et de campagnols.

Diversifier les méthodes
Au final, prendre soin des abeilles (comme des autres espèces) se révèle un choix gagnant pour tous. Grâce au nectar et au pollen, les abeilles ont accès à une source d’alimentation dès le printemps. En retour, la production des fruits est garantie par leur présence. Cela n’empêche pas les chercheurs en agronomie de se pencher sur des moyens alternatifs de pollinisation dans l’optique d’un scénario de déclin persistant des colonies.

Cette quête de pollinisateurs complémentaires efficaces est indispensable. Dès à présent, on constate que les abeilles mellifères ne réussissent plus à jouer intégralement leur rôle dans les vergers. Les parcelles sont souvent entourées par des filets contre la grêle ou contre le feu bactérien, ce qui entrave leur action fécondante. Par ailleurs, en périodes de grand froid, leur intervention s’avère également insuffisante. Cette limite se vérifie en ce qui concerne les fruits à noyau, ces derniers fleurissant de manière plus précoce.

Vidéos et propos recueillis par Fabienne Bruttin - AGIR

Liens vidéos interview de Xavier Moret, maître arboriculteur :
Abeilles précieuses pour l’agriculture
Des nids d'hermines qui favorisent également la présence d'autres animaux

Lausanne, le 15 avril 2021

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