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Eclairage – Pour en savoir plus sur la fonction des cornes de nos animaux de rente
Alors que le peuple est invité à approuver ou rejeter l’initiative populaire fédérale "Pour la dignité des animaux de rente agricoles", rappelons que l'Institut de recherche de l'agriculture biologique (FiBL) a édité en 2015 une publication relative au développement embryonnaire, à la physiologie et au comportement démontrant combien les cornes sont importantes pour la vache et les autres ruminants. La corne des vaches n'est pas un os mort et nu, explique en particulier Anet Spengler, responsable du groupe sélection animale de l'Institut de recherche de l'agriculture biologique. Son intérieur, le cornillon, est relié au sinus frontal et aux muqueuses. Le sinus frontal va se développer dans cet espace creux. A chaque respiration, l'air traverse donc les cornes. L'air que la vache expire est systématiquement mélangé aux gaz de sa panse. Ces arômes de digestion se répandent jusque dans les sinus. Les animaux écornés sont donc privés d'une partie des sinus, explique le FiBL dans la publication. La bête répond alors à l'ablation des cornes par d'importantes modifications dans le développement du crâne. Les bovins ont en effet besoin de leurs cornes et cherchent à compenser leur absence par une déformation de l'os frontal, précise la scientifique. L’institut a pu mesurer plus de 220 crânes avec et sans cornes dans un abattoir, explique Anet Spengler. Selon les constatations, l’os frontal est plus haut chez les animaux sans cornes.
La corne est inscrite dans le patrimoine génétique des vaches. Certaines espèces en ont, d'autres pas. Les races écossaises Aberdeen-Angus et Galloway, élevées surtout pour leur viande, n'ont plus de cornes depuis plus de 800 ans, signale Anet Spengler. Les races laitières génétiquement sans cornes sont en revanche plus rares. Afin d'éviter l'écornage, il est de plus en plus fait appel à la sélection génétique. Le gène "sans corne" étant dominant, il est assez facile et rapide de créer une race sans cornes. Avec quelques bons taureaux, et si c'est un objectif de la sélection, une dizaine d’années suffirait, selon la scientifique. Mais une fois le processus lancé, "il est difficile de faire marche arrière", avertit la scientifique. Cependant, l’absence de corne chez le mâle n’est pas la seule caractéristique recherchée par les éleveurs. La production laitière, la santé du cheptel sont autant de facteurs qui entrent en ligne de compte.
Les cornes reflètent également la croissance des bovins. Elles sont divisées en trois parties - la plus proche du crâne est annelée -, qui correspondent aux processus fonctionnels et à l'âge de la vache, explique le FiBL. Durant les premières semaines de vie du veau, l'excroissance est reliée à la peau et non au crâne. C'est en grandissant que le cornillon soude la corne au crâne. La pointe constitue la partie la plus ancienne. Entre un an et deux ans et demi, la partie intermédiaire de la corne se forme, parallèlement aux organes de la digestion et de la respiration. La partie inférieure, la plus proche du crâne, apparaît lorsque la vache est adulte et qu'elle porte sa progéniture. Chaque anneau représente la naissance d'un veau.
Enfin, les cornes jouent aussi un rôle important dans les relations à l'intérieur du troupeau. Et l'institut d'expliquer qu'à âge égal, les animaux à cornes ont presque toujours un rang supérieur à ceux sans cornes. Les vaches qui arborent leurs couronnes osseuses jouissent d'un espace individuel plus grand. Les individus de rang inférieur se tiennent à une distance de un à trois mètres. La proximité entre animaux se réduit même à un mètre autour d’une vache sans cornes.
Plus d’information: https://shop.fibl.org/CHfr/mwdownloads/download/link/id/736/?ref=1
ATS/AGIR