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La santé et la prévention, deux des stratégies clés du bien-être animal
La Suisse possède une des législations les plus strictes du monde en matière de protection animale ; les conditions de vie dans les élevages y sont globalement meilleures qu’à l’étranger. La plupart des interventions douloureuses ont été bannies, comme la castration des porcelets sans anesthésie ou l’épointage des becs des poules pondeuses, pratiques toujours autorisées dans l’UE.
La durée du transport des animaux vivants est limitée à huit heures (dont six de trajet) en Suisse, alors qu’elle peut être beaucoup plus longue dans d’autres pays. Les conditions d’abattage sont de même strictement réglementées: les vertébrés doivent être étourdis avant leur mise à mort.
En plus de la loi et des ordonnances fédérales qui encadrent et interdisent certaines pratiques, la Suisse compte un grand nombre de labels et de marques s’appliquant à la viande, aux œufs et au lait. Deux programmes nationaux de bien-être animal ont été lancés au milieu des années 90 et assortis de paiements directs. Les programmes SST (systèmes de stabulation respectueux du bien-être animal) et SRPA (sorties régulières en plein air) incitant à passer à des conditions d’élevage respectueuses des animaux ont pris une importance considérable ces dernières années. Un troisième programme étatique a été lancé en 2014 sur une base facultative : PLVH (production de lait et de viande basée sur les herbages) prescrit une part minimale d’herbe dans l’alimentation et limite les concentrés, au plus proche des besoins des ruminants, un aspect qui fait partie intégrante du bien-être animal.
Interdiction des batteries et taille des élevages
Il est difficile de comparer le bien-être animal dans différents pays en se basant sur les seuls éléments chiffrés, telle la surface minimale par animal ou la densité acceptable. Il faut y ajouter de nombreux autres critères tels la luminosité, les sorties, la présence de perchoirs, la litière ou le sol disponibles, les bains de poussière ou d’eau selon l’espèce, les modalités d’alimentation, d’abreuvement et de reproduction, de transport, d’abattage, etc.
Toutefois, pour prendre l’exemple de la volaille, la Suisse a interdit les batteries en 1982, alors que l’UE tolère toujours un système de cages dans des proportions variables selon les états (8% des poules pondeuses sont en cages en Allemagne, contre 90% dans des pays tels que l’Espagne, le Portugal ou la Pologne.) La Suisse exige ainsi une surface minimale de 1000 cm2 par tête, ce chiffre étant de 750 cm2 dans l’UE alors que l’Allemagne s’apprête à durcir ces conditions. La législation d’autres pays admet de détenir les poules dans des cages de 550 cm2, soit moins qu’une feuille A4.
Si on considère la taille des élevages, on s’aperçoit aussi que la Suisse reste très en deçà des élevages industriels ultra spécialisés, fréquents dans de nombreux pays, véritables « usines à viande » qu’on trouve au Brésil ou aux Etats-Unis notamment.
Diminution drastique des antibiotiques
De plus, la Suisse a banni le recours aux antibiotiques administrés à titre préventif ou sous forme de stimulateurs de performance dans l’alimentation des animaux dès 1999. Grâce à différents programmes et campagnes de sensibilisation, la quantité totale d’antibiotiques utilisés dans la garde d’animaux de rente a baissé de 45 % depuis 2008.
Stratégies de la grande distribution
On observe un décalage certain entre les déclarations des consommateurs lors de sondages sur l’importance du bien-être animal et l’acte d’achat lui-même.
Pour résumer, les consommateurs veulent des produits respectueux de l’animal, sans pour autant y mettre le prix. Une des solutions imaginées par les acteurs de ce marché consiste dès lors à importer des produits de pays où les coûts sont moindres, mais aux normes suisses. Plusieurs distributeurs continuent en outre de proposer des denrées interdites de production en Suisse, c’est notamment le cas du foie gras et des cuisses de grenouilles Une situation vaguement schizophrène puisqu’on exige d’une part des éleveurs qu’ils respectent des critères élevés de bien-être animal, alors que la grande distribution continue d’importer certains produits ayant engendré une souffrance animale.
La technologie au service du bien-être animal
La technologie offre d’autres pistes intéressantes aux éleveurs désireux d’améliorer le bien-être et la qualité de vie de leurs troupeaux. C’est le cas de certains robots de traite de la dernière génération : ces engins permettent à la vache de décider du moment de sa traite, d’entrer et de quitter le dispositif lorsque c’est opportun, ne prélève que la quantité optimale de lait, améliore la santé de l’animal tout en minimisant les risques d’infection. La qualité du lait lui-même s’en trouve améliorée, comme le bien-être de l’animal, plus calme et moins stressé qu’avec la plupart des systèmes conventionnels.
Investir pour des aires de sorties
La mise en place d’aires de sorties obligatoires représente enfin une avancée importante et un domaine où la Suisse se démarque de nombreux pays. Elle implique souvent un investissement important et occasionne du travail supplémentaire pour les éleveurs, en termes de nettoyage et d’organisation notamment.
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