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L’eau ne serait pas consommable en suisse ?
L’eau ne serait pas consommable en Suisse? Le cas du chlorothalonil est emblématique de ces déformations de résultats de tests et d’analyses qui cherchent à générer de la peur chez nos concitoyennes et concitoyens qui voteront le 13 juin sur cet objet. En suscitant une confusion entre les termes «potable» et «consommable», certains médias ont même récemment donné à penser que la qualité de l’approvisionnement en eau dans notre pays était compromise dans une très large mesure. Il n’en est bien entendu rien.
L’avis d’un agriculteur
Face à ces controverses, les avis ont tendance à devenir très tranchés. «Pour moi, l’initiative sur l’eau potable est doublement mensongère. Si le oui l’emporte, l’eau ne sera pas propre, puisqu’on y trouve énormément de polluants différents. Or, la part due à l’agriculture est la plus minime d’entre elles. Les pesticides hors agricultures, eux, ne seront pas touchés par cette initiative qui comporte beaucoup d’incohérences», commente l’arboriculteur et viticulteur de Savièse (VS) Richard Pellissier qui est titulaire d’un Bachelor en agronomie et qui a suivi une formation en écotoxicologie à l’UNIL.
Selon lui, le traitement des tissus de nos vêtements, les imperméabilisants pour chaussures, les perturbateurs endocriniens présents dans les médicaments ou les cosmétiques des salons de coiffure sont bien plus nocifs que les produits issus de l’agriculture.
Pourquoi une telle distorsion ?
La confusion entre les termes «potable» et «consommable» a plusieurs sources. En 2019, la réduction de la limite autorisée de métabolite de chlorothalonil, puis l’interdiction du chlorothalonil lui-même s’étaient en fait appuyées sur un principe de précaution particulièrement poussé. Il faut savoir que l'écotoxicologie distingue les notions de norme de détection (0,1 microgramme) et les normes sanitaires (DJA). Mais cette limite ne se base pas sur des données sanitaires. Elle n’a par conséquent rien à voir avec un seuil de toxicité. Il en résulte que les risques pour l'homme ne sont toujours pas avérés à l’heure actuelle.
Ces critères, très techniques, ne sont pas simples à vulgariser. Ainsi qu’on pouvait le redouter, des présentations biaisées de ces faits scientifiques en ont résulté. Elles empêchent le grand public de percevoir ces nuances qui font toute la différence. En l’occurrence, la limite de 0,1 microgramme correspond à moins d’un millionième de gramme par litre, soit une concentration inférieure à celle d’un morceau de sucre dans une piscine olympique.
Les arguments du conseil fédéral
Afin de recevoir des paiements directs de la Confédération, les agriculteurs doivent respecter une série d'exigences environnementales. Pour le comité d’initiative, celles-ci ne sont pas suffisantes. Il estime en outre que la politique agricole actuelle viole le droit fondamental à avoir de l’eau potable propre.
L’initiative demande donc que seuls les agriculteurs qui n’utilisent pas régulièrement d’antibiotiques à des fins prophylactiques, qui n’utilisent pas de pesticides et qui sont en mesure de nourrir leur bétail avec le fourrage produit dans leur exploitation puissent obtenir des paiements directs. Le comité d’initiative demande encore que la recherche et la formation agricoles s’engagent en faveur de ce type d’agriculture.
Le Conseil fédéral et le Parlement estiment que ce texte va trop loin. Ils rappellent que des modifications législatives visant à réduire les risques des pesticides ont été élaborées (le Parlement a adopté en mars des projets soutenus par le Conseil fédéral). Si le oui l’emportait, la production agricole suisse pourrait diminuer et il faudrait alors importer plus de denrées alimentaires, ce qui équivaudrait à déplacer la pollution à l’étranger.
Vidéos et propos recueillis par Fabienne Bruttin
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Contacts pour informations complémentaires :
Richard Pellissier, tél : 079 370 56 28