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Les innovations au cœur de l’agriculture
Smart Farming, e-agriculture, agriculture 4.0, les termes diffèrent pour expliquer un même et unique concept: l’utilisation des nouvelles technologies pour améliorer la pratique de l’agriculture. Au fond, rien de nouveau, les métiers de la terre ont depuis toujours utilisé des technologies innovantes pour gagner en efficacité. Mais la révolution numérique actuelle, comme dans d’autres domaines, apporte des changements qui impactent radicalement la profession d’agriculteur.
Pour le centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole, Agroscope, le Smart Farming se concentre, avant tout, autour de cinq objectifs: la rentabilité en réduisant les coûts et en augmentant l‘efficience, l’amélioration de la qualité en réduisant par exemple l’emploi d’antibiotiques, la minimisation des émissions pour notamment protéger les eaux, la protection des ressources ainsi que l’amélioration du bien-être et de la santé des animaux.
L’Agroscope est lui-même actif sur le terrain de l’innovation technologique. Sur son site de Tänikon, il propose une plate-forme scientifique sur le thème de la numérisation dans l’agriculture suisse en collaboration avec différents partenaires que sont les hautes écoles, les universités ou les entreprises privées. Les projets de recherche sont nombreux. L’un d’entre eux vise à rendre la production de lait plus efficace et plus respectueuse des animaux en utilisant des capteurs. Ces derniers fournissent, en effet, des informations précieuses sur le comportement des animaux, leur lieu de séjour et la production laitière.
Pour Thomas Anken, responsable du groupe de recherche Production numérique chez Agroscope, les systèmes de capteurs intelligents sont très importants pour l’avenir de l’agriculture. «Ces nouvelles technologies permettront de donner aux cultures, aux plantes et aux animaux exactement ce dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin», explique-t-il, sur le site du Département fédéral des affaires étrangères.
Diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires
Ainsi, le Smart Farming est un outil essentiel pour gagner en efficacité, mais aussi réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, ce qui va dans le sens du Plan d’action fixé par le Conseil fédéral. La start-up vaudoise ecoRobotix apporte ici un exemple parlant. Son robot équipé de panneaux solaires et d’un système GPS se déplace tout seul, et traite les cultures avec des microdoses. Selon les concepteurs, un balayage systématique d’un champ permet de lutter efficacement contre les mauvaises herbes, avec un taux de reconnaissance de plus de 95% en conditions idéales.
Autre exemple à Molondin dans la région du Nord vaudois. Ici, au milieu des champs agricoles, se dresse le centre industriel Agropôle, actif dans l'innovation et la production agroalimentaires. L’entreprise CombaGroup y a construit une serre pilote dans laquelle elle développe un système d’aéroponie mobile. Des salades poussent ainsi hors sol, sur des plaques de cultures sous lesquelles est pulvérisée une solution nutritive. Avec une telle technique, il est possible de produire des salades avec très peu de déchets, dans un environnement hermétique et donc sans traitement, et cela durant toute l’année (lire l’encadré et visionner le reportage vidéo en annexe "Les salades "parfaites” de CombaGroup”). Pour le directeur de CombaGroup Serge Gander, de telles innovations permettent de répondre aux besoins alimentaires futurs.
Remplacer l’agriculteur par la machine
Le Smart Farming offre également des solutions robotisées afin d’améliorer la qualité de vie des agriculteurs, mais aussi, selon les concepteurs, le bien-être des animaux. Lely Center Suisse est un acteur important de la traite automatisée dans notre pays. "Environ 500 robots de traite ont été installés par nos soins dont une centaine en Suisse romande”, rapporte le conseiller de vente, Grégoire Duboux. Ce système offre plusieurs avantages selon le fabricant: souplesse du travail pour les éleveurs et flexibilité dans l’organisation en éliminant les impératifs liés à l’horaire, suppression des tâches physiques et répétitives de la traite, ou encore suppression du stress chez les animaux et de la baisse de production liée à l’aire d’attente avant la traite.
Lely Center Suisse a également installé 35 systèmes d’alimentation Vector dont 4 en Suisse romande. Il s’agit de robots fournissant de manière automatique le fourrage aux animaux. L’outil impacte aussi favorablement le travail des agriculteurs. Selon le fabricant, il augmente également la production de lait grâce à une alimentation fraîche plus fréquente et une activité accrue des animaux qui se rendent plus souvent au robot de traite.
L’avenir de nos champs se prépare aussi au-dessus de nos têtes. La start-up Gamaya, issue de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, a développé un ingénieux système scannant les champs à l’aide d’une caméra fixée sur un drone. Les images, détaillées au pixel près, donnent des indications précieuses sur l’état physiologique des plantes, des informations qui pourront être utilisées par des machines agricoles autonomes.
Favoriser l’économie de partage
Enfin, le Smart Farming ne se concentre pas uniquement sur la création de nouveaux outils révolutionnaires. Il peut aussi prendre des formes plus simples, en utilisant des technologies existantes à bon escient, afin d’améliorer l’organisation du travail. La plateforme FarmX lancée mi-février est un bon exemple. Développée par Agrijura, Maschinenring Schweiz, Prométerre et Seccom, elle facilite la mise en réseau des agriculteurs et le partages de machines agricoles souvent très onéreuses, par l’intermédiaire d’une application pour smartphones.
Les innovations dans l’agriculture seront donc, à n’en pas douter, très nombreuses ces prochaines années. Le développement des drones et des véhicules autonomes permettront, par exemple, de traiter les champs à distance, alors que l’utilisation de l’intelligence artificielle apportera des informations extrêmement précises pouvant améliorer grandement les rendements des cultures.
Les avantages du Smart Farming semblent nombreux. L’un des défis de l’agriculture de demain, dans un contexte où les robots et autres technologies seront capables de remplacer la plupart des tâches de l’agriculteur, sera peut-être de ne pas complètement se déshumaniser pour que le contact entre l’homme, les animaux et la nature persiste.
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