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Montée à l’alpage : entre tradition et durabilité
Pour William Berthoud, les traditions sont importantes. Chaque printemps, depuis 40 ans, cet éleveur de vaches laitières à Semsales, dans le canton de Fribourg, rejoint l’alpage à pied, avec une partie de ses bêtes. En l’occurrence, 30 génisses. « C’est le nombre de places dont nous disposons à la montagne, autour de notre chalet », confie-t-il. Ses 60 vaches laitières restent en plaine.
Perpétuer les traditions
La Poya – montée à l’alpage -, c’est jour de fête. La famille, les amis se retrouvent à l’étable pour préparer les animaux, au petit matin. Après quelques coups de brosse, les génisses sont parées de cloches d’apparat, réservées aux inalpes et désalpes. Des sonnailles souvent empreintes de souvenirs pour ceux qui les accrochent: celui du grand-père ou d’un papa qui n’est plus là... où juste celui d’un concours gagné avec une vache d’exception.
« Pour moi, la montée à l’alpage, comme la descente, sont des coutumes ancestrales. Il me tient à cœur de les perpétuer », confie William Berthoud, prêt au départ, après avoir revêti son costume traditionnel comme tous les accompagnants de cette transhumance d'environ deux heures de temps.
Impatientes de retrouver la montagne
Le départ est parfois un peu tempétueux. « Les génisses sont excitées, parce qu’elles savent qu’elles vont retrouver la bonne herbe verte de la montagne », explique l’éleveur. Monter à pied implique également de l’organisation et de la planification, pour traverser le village sans heurts et éviter de se retrouver au passage à niveau, au moment de l'arrivée d’un train.
Nourrir les vaches et entretenir le paysage
Monter le bétail à l’alpage n’est évidemment pas qu’une affaire de folklore. Cette pratique ancestrale permet aux animaux de se nourrir sainement durant les mois les plus chauds, lorsque l'herbe des vallées commence à manquer et à se dessécher. La montagne est également bénéfique à leur bien-être. Le climat plus frais et venteux d'altitude limite notamment la présence de parasites, contribuant ainsi à la santé globale du troupeau. Par ailleurs, la présence des vaches en montagne favorise l'entretien de ces paysages, évitant leur boisement excessif.
130 jours à la montagne
Les génisses de William Berthoud resteront 130 jours à la montagne, l'essert du Scex. Elles descendront le 30 septembre, lors d’une désalpe qui réunit, chaque année, d’autres éleveurs de la région, et qui est une vraie fête populaire.
D’ici là, les jeunes vaches vivront, libres, au grand air, et l’agriculteur ou Rémy, son fils, monteront chaque jour pour prendre soin d’elles et s’assurer que tout va bien. « Quand il fait chaud, nous les rentrons le jour et elles passent la nuit dehors. Par chance, nous n’avons pas encore de loup sur cet alpage. Mais il aurait été vu sur l’autre versant. Il est donc probable qu’il finisse par arriver. Ce jour-là, nous devrons nous organiser différemment. On verra le moment venu… »
Texte et vidéos Pascale Bieri/AGIR