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Petits veaux : jamais sans ma mère
Il y a peu, un nouveau troupeau de vaches a fait son apparition dans les prés au-dessus de la Ferme du Château, à Porrentruy (JU). Eugénie Gerber (25 ans) et son frère Adrien (28 ans) ont décidé de renoncer aux 65 « laitières » tachetées de race montbéliarde qu’élevait leur père pour prendre sa succession avec 35 angus, toutes noires ou rouges sombre. Un cheptel de vaches mères, élevé pour la viande.
« Pour moi, une ferme sans animaux n’est pas une ferme, explique Eugénie Gerber. Il était impensable que nous n’ayons plus de vaches, mais mon frère qui travaille à plein temps sur l’exploitation familiale - alors que pour ma part, j’ai un emploi à l’extérieur -, n’aime pas la traite. Nous avons donc opté pour les vaches allaitantes.»
Un choix dans l’air du temps. Alors que de plus en plus d’agriculteurs renoncent à la production laitière, en raison du prix du lait et des horaires rigides qu’implique la traite, les vaches mères, élevées pour la viande, sont en augmentation en Suisse. Leur effectif a triplé en 20 ans, passant de 41’200 en 1999 à 128'000 en 2019, alors que dans le même laps de temps le cheptel de vaches laitières (554'600 têtes en 2019) s’est réduit de 19%.
Dix mois avec leur mère
Quant au mode de vie des animaux, il varie également en fonction du type d’élevage. Dans la filière laitière traditionnelle, les veaux sont séparés de leur mère dès leur premier ou deuxième jour de vie pour que ces dernières puissent être traites correctement. Les jeunes vivent alors dans un troupeau parallèle. En revanche, dans l’élevage de vaches allaitantes, les veaux restent avec leur mère jusqu’à l’âge de 5 ou 10 mois.
« Nous faisons le choix de garder nos veaux jusqu’à l’âge de 10 mois, parce que le sevrage est plus facile à ce moment-là », explique encore Eugénie Gerber, qui, comme son frère, développent de vrais liens d’affection avec leurs vaches. Il y a Pivoine, Zézette ou encore Arpège... « Elles ont toutes un nom, parce que nos animaux ne sont pas des numéros. Elles ont leur caractère, leur personnalité», explique la jeune femme. Il en va de même pour les veaux, ils sont baptisés dès la naissance. D’ailleurs, l’un d’entre eux n’a pas échappé au nom de l’année : « Corona ».
Protectrices et maternelles
Côté tempérament, « les angus sont un peu plus sauvages et indépendantes que les vaches laitières, même si certaines sont particulièrement câlines et dociles », relève encore la jeune agricultrice. Comme ces vaches élèvent leurs veaux, elles sont également maternelles et protectrices. Raison pour laquelle il faut garder une certaine distance, et évidemment, ne pas laisser divaguer les chiens, pour éviter les accidents.
Reste que chez les Gerber, les promeneurs sont bienvenus. Et ils sont nombreux à traverser la ferme pour aller observer le troupeau d’angus avec leurs petits, ainsi que deux vaches rustiques, une Highland et une Galloway, élevées juste pour le plaisir. Pour le plaisir également, il y a des moutons, trois chèvres, un lama, des lapins… « On apprécie que les gens viennent voir ce que l’on fait, confie Adrien Gerber. C’est une fierté de montrer notre travail, de parler avec eux quand ils le souhaitent. C’est important de montrer la réalité du monde agricole. »
Pascale Bieri/AGIR
Pour en savoir plus, commandez ou consultez notre poster didactique sur les vaches mères