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Quand les "vaches mères" valorisent des herbages à plus de 2000m
Depuis 2001, sa famille possède des vaches allaitantes Angus. C’est son père, Jean-Christophe, qui a fait ce choix à l’époque. C’est lui aussi qui s’occupe de la gestion de leur alpage au Sanetsch d’une surface de 100 hectares environ. Il se charge de la supervision du troupeau, de la surveillance et des vêlages, alors que Vincent est aux commandes de l’exploitation principale située au village, plus bas sur le coteau. L’Angus présente l’avantage de très bien s’adapter à ces zones alpines. Elle possède en plus un instinct maternel développé.
Les bienfaits des hauteurs
Le modèle d’élevage des vaches mères permet aux Roten de valoriser des herbages situés à près de 2’000 mètres d’altitude. Cela fait qu’ils n’ont besoin de recourir à quasiment aucun complément alimentaire en dehors de leur propre fourrage « grossier » (on parle de « viande à l’herbe » avec ce genre d’affourragement). Les Roten ne font qu’un seul passage sur les prairies avec leurs animaux. Elles sont séparées en différents parcs pour fournir de quatre à cinq jours d’herbage à un nombre prédéterminé de bêtes.
« Notre mission d’agriculteurs de montagne consiste à maintenir un paysage ouvert. Il s’agit d’éviter d’avoir soit une surpâture, soit une sous-pâture. Dans le premier cas, cela entraînerait une dégradation trop importante de la végétation et, dans le second, cela aurait un impact négatif sur la flore naturelle », ajoute Vincent Roten.
Les grands espaces de son alpage se révèlent bénéfiques pour ses vaches. Autre point positif, l’altitude fait qu’il y a peu de mouches et donc moins de sources d’infection. Le vêlage en plein air favorise également la santé des veaux.
Aux petits soins
« Chez nous, toutes les vaches ont leur prénom. Nous les reconnaissons sans problème à leur apparence et à leur caractère. Chaque mère garde son veau auprès d’elle pendant onze mois à une année. Ces dernières semaines, nous avons eu 32 naissances. Ces jeunes animaux resteront avec leur mère jusqu’en juin 2022 », explique l’éleveur saviésan. Toutes ces vaches requièrent des soins quotidiens et individualisés. Dans le cas des veaux, il convient de se montrer particulièrement attentif les quatre ou cinq premiers jours qui suivent leur venue au monde. Le bien-être des troupeaux passe aussi par la quiétude que leur apporte l’alpage.
Une transition ambitieuse
À partir de 2010, Vincent et son épouse Kathleen ont commencé à reprendre l’exploitation fondée par Jean-Christophe. Cette transition douce s’est déroulée sur environ six ans. Cette option lui a permis de racheter peu à peu à la fois le matériel et le troupeau.
« En parallèle, nous avons lancé avec deux amis une entreprise baptisée «tip!k ». Nous valorisons des produits issus de l’agriculture valaisanne, à commencer par les céréales que je cultive. Nous fabriquons par exemple de la farine, du pain et des céréales soufflées que nous écoulons en vente directe. Nous allons bientôt faire des huiles de colza, de lin et de pépins de raisins avec des agriculteurs de la plaine du Rhône. Nous disposons d’une vingtaine de points de vente, principalement en Valais », complète Vincent, dont le père, quant à lui, vend de la viande sur leur exploitation.
Un pedigree couru
L’appartenance à « Vache mère Suisse » offre l’avantage de donner accès à un réseau. Les partages d’expérience entre agriculteurs de tout le pays instaurent une dynamique très positive. Cette faîtière assure par ailleurs à ses membres d’être entendus, en particulier à Berne. Dans ce contexte, les labels s’avèrent stratégiques.
Le label « Natura-Beef » est exigeant, son règlement de production est très strict. Il est d’ailleurs accessible au public, ce qui signifie que quiconque le souhaite peut découvrir les conditions dans lesquelles a été produite la viande qu’il achète. La traçabilité est également cruciale, à la fois pour l’éleveur et pour le consommateur.
L’herbe qui compose l’affourragement des animaux apporte sa couleur et ses arômes à la viande. Cette dernière a d’ailleurs une valeur nutritionnelle supérieure, elle contient en-effet peu de graisse intramusculaire.
Propos vidéo recueillis par Fabienne Bruttin
Pour en savoir plus et approfondir le sujet : www.vachemere.ch
L’Agence d’information agricole romande AGIR dévoile ces jours une série de capsules vidéo sur des éleveurs romands de vaches allaitantes. A découvrir sur sa chaîne YouTube