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Sécurité alimentaire et hygiène sabordées par un oui
Le terme «biocide» est défini de la manière suivante par l’administration fédérale (SECO): «Les biocides sont des substances actives ou des préparations, utilisées ailleurs que dans l’agriculture, contenant une ou plusieurs substances actives destinées à détruire ou du moins à repousser ou à rendre inoffensifs des organismes nuisibles nocifs (insectes, champignons, bactéries, rongeurs, algues, etc.) par une action chimique ou biologique».
Selon la définition officielle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les biocides, comme les produits de nettoyage ou encore les désinfectants, et les produits phytosanitaires forment le groupe des pesticides.
Par conséquent : un OUI à l’initiative « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » le 13 juin compromettrait gravement la production agroalimentaire puisque les normes d’hygiène ne pourront plus être respectées comme c’est le cas aujourd’hui en Suisse.
Que demande l’initiative populaire «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» en la matière?
L'utilisation de tout pesticide de synthèse dans la production agricole, la transformation des produits agricoles et l'entretien du territoire seront interdits en cas d’acceptation.
L'importation à des fins commerciales de denrées alimentaires contenant des pesticides de synthèse ou pour la production desquelles des pesticides de synthèse ont été utilisés sera en outre interdite.
De plus, toute une série de produits phytosanitaires et de biocides utilisés pour la protection de denrées alimentaires seront prohibés.
Pour autant, les normes en termes d’hygiène devraient-elles continuer à être respectées?
Absolument. Les obligations découlant de la loi fédérale sur les denrées alimentaires telles que définies par l’Ordonnance sur l’hygiène (OHyg) resteront en vigueur. Leur objectif principal consiste à protéger les consommateurs contre les denrées alimentaires qui pourraient mettre en danger leur santé. Des mesures devront donc toujours être prises afin de garantir le respect d’une hygiène stricte.
L’acceptation de cette initiative poserait-elle des difficultés particulières à ce niveau?
Oui. Le nettoyage dans l’agroalimentaire dans son ensemble s’en trouvera compromis. La cause en est qu’il est impossible de garantir la sécurité des produits sans désinfection professionnelle.
Pour prendre un exemple concret, qu’en serait-il au niveau du nettoyage des installations de traite?
Sans nettoyage et désinfection, l’hygiène dans la production laitière ne pourra tout simplement plus être assurée.
Qu’en serait-il de l’élimination des nuisibles dans les aliments, tels que les insectes, les cafards ou encore les souris?
Il faut savoir que le contrôle des insectes («pest control») est une tâche constante dans toute PME qui prépare des aliments destinés à la consommation. Or, sans pièges ni biocides, des surprises désagréables se retrouveront dans nos assiettes.
Le vin échapperait-il à toute difficulté de cet ordre?
Non. Les sulfites permettent de stopper l’oxydation et la formation de levures, y compris en ce qui concerne le vin bio. Sans sulfites, les vins seront par conséquent rapidement imbuvables.
Et qu’en serait-il pour les pommes de terre et les oignons?
L'inhibition de la germination joue un rôle majeur dans le stockage des pommes de terre et des oignons. Si l’initiative passe, il ne sera plus possible de stocker des pommes de terre et des oignons toute l’année.
Les jus de fruits ne seraient pas épargnés non plus.
En effet. Les jus de fruits ne peuvent pas être mis en bouteille à chaud dans le PET. Cette opération doit être effectuée en milieu stérile, car une seule cellule de levure peut faire exploser une bouteille après quelques jours. Voilà pourquoi chaque chaîne d’embouteillage doit être régulièrement nettoyée et désinfectée.
Des organisations faîtières comme l’Association suisse pour un secteur agroalimentaire fort (ASSAF) rejettent ces initiatives. Pour quelle raison?
Dans ce cas précis, son secrétaire général, David Ruetschi, a expliqué que son association recommandait un double non afin de pouvoir continuer à produire dans des conditions sûres, avec des normes juridiques stables et en connaissant l’avenir du secteur agroalimentaire. Voilà pourquoi l’ASSAF refuse que notre pays se lance dans ce qu’elle qualifie d’«expérience incertaine» le 13 juin.
Vidéo : images ASSAF – montage Fabienne Bruttin – AGIR
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