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Son exploitation fait du bien au climat
Les vaches produisent des gaz à effet de serre (GES), on le sait. De même que les machines agricoles… A l’inverse, les prairies éliminent une partie du gaz carbonique de l’atmosphère, en l’absorbant par la photosynthèse. Alors, au final, quel est l’impact des exploitations agricoles sur le climat ? C’est ce qu’a voulu savoir Prométerre (l’Association vaudoise des métiers de la terre), en collaboration avec le canton de Vaud et l’Hepia (Haute école du paysage, de l’ingénierie et d’architecture de Genève).
Dix-huit exploitations agricoles vaudoises, produisant du lait, de la viande, des céréales ou du vin, ont donc été passées au crible durant deux ans. L’objectif : connaitre leur empreinte carbone, en se basant sur les standards et recommandations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Très attentif à la qualité des sols
Damien Poget, agriculteur et éleveur à Senarclens, est l’un de 18 participants à l’étude. Il a un bilan carbone négatif. Autrement dit, avec son exploitation d'un peu plus de 60 hectares, basée essentiellement sur des grandes cultures, il stocke davantage de GES qu’il n’en émet. Une satisfaction pour ce grand barbu passionné depuis toujours par la nature, qui a choisi de se mettre au bio en 2017, trois ans après avoir repris l’exploitation familiale.
« Je ne suis pas vraiment surpris par ces résultats. Je m’attendais à ce que mon bilan carbone soit satisfaisant. Actuellement, j’ai peu de bétail et je suis très attentif à la qualité de mes sols. J’adapte mon travail en fonction des conditions météo. Je ne vais pas aller travailler la terre si les précipitations sont abondantes ; j’essaie de limiter au maximum les passages de la herse pour éliminer les mauvaises herbes ; ou encore, si c’est nécessaire, en raison de l’état du sol, je déplace la mise en place d’une culture sur une autre parcelle. Ce qui est possible, vu la surface de mon exploitation. »
Autre élément bénéfique au niveau du bilan carbone de Damien Poget, il utilise du fumier voisin qui est valorisé dans ses sols. « Avoir la confirmation, avec des mesures scientifiques, que je travaille de manière respectueuse pour le climat me fait évidemment plaisir et permet de montrer qu’on ne fait pas n’importe quoi dans l’agriculture », relève-t-il, encore.
Un travail raisonné
Le point noir de l’agriculteur se situe au niveau du carburant : « Je consomme trop de diesel. Mais en bio, on est obligé de faire davantage de déchaumage et de sarclage mécanique, puisque nous n’utilisons pas de produits chimiques, souligne-t-il en ajoutant. « Chaque type d’agriculture a ses avantages et ses inconvénients. Le bio n’est pas forcément meilleur que le conventionnel au niveau du bilan carbone. Ce qui importe c’est de travailler de manière raisonnée. »
Dans un avenir proche, Damien Poget entend augmenter son cheptel bovin, pour arriver à une quarantaine de vaches mères. « Cela va forcément affecter mon bilan carbone, souligne-t-il. Cela étant, en bio, on brasse le purin, ce qui limite les pertes d’azote. Je pourrai également valoriser directement ce dernier dans mon sol. » En parallèle, il va étudier quelles sont ses possibilités pour réduire son utilisation de carburant.
En dessous de la moyenne européenne
Les 18 exploitations analysées par Prométerre dans le cadre de ce projet sur l’impact climatique ont chacune un bilan satisfaisant, même si leurs empreintes carbones ne sont pas toute négatives ou égale à zéro. Mais tous les bilans se situent en dessous de la moyenne européenne.
Par ailleurs, au niveau du canton de Vaud, l’agriculture émet aujourd’hui environ 5,7% des gaz à effet de serre dans le canton. Contre 11% en 2020. De leurs côtés, les émissions pour le chauffage et l’électricité s’élèvent à 23,5%, pour la mobilité à 27,9% et pour le secteur industrie et consommation à 43,9%.
Pascale Bieri/AGIR