Pour protéger les troupeaux du loup, 2,78 millions seront investis cette année en Valais par le canton et la Confédération. Soit 200'000 fr. de plus qu’en 2021. Une nécessité pour préserver l’économie alpestre et soutenir les éleveurs, alors que le nombre de grands prédateurs est désormais estimé entre 80 et 90 individus, et neuf meutes. Reste que le stress et souvent le découragement sont omniprésent chez les détenteurs de bétail.

Le Valais est le premier canton romand à avoir été confronté au retour du canidé sauvage dans les années 1990. Il reste, et de loin, le plus impacté par les attaques sur le bétail. Elles ont essentiellement lieu en montagne, mais il n’est plus rare d’enregistrer des prédations en plaine également, à proximité des exploitations. Le loup a par ailleurs été vu et filmé en train de se balader dans de quartiers résidentiels, notamment à Vouvry et Monthey.

Alpages abandonnés

En 2022, 415 moutons et chèvres ont été tués dans le canton (336 en 2021). S’ajoute le dérochement de neuf bovins, où l’on soupçonne le loup d'en être la cause. La recrudescence des attaques a également poussé des agriculteurs à ne plus monter leurs bêtes à l’alpage. Sur 157 pâturages, 30 ne sont plus exploités depuis 2007, dont 11 prioritairement en raison du prédateur.

L’année dernière, toujours, cinq loups ont été tirés et 182'000 fr. d’indemnisation ont été versés à la suite à d’attaques (124'000 fr en 2021).

Au premier semestre 2023, aucun loup n’a encore été abattu. Un premier tir vient toutefois d’être ordonné dans la région de Conches, entre les localités de Fiesch et Oberwald. Le prédateur y a tué sept animaux de rente en situation protégée.

100 chiens de protection

Les mesures de prévention portent toutefois leurs fruits. Durant ce premier semestre, toujours, le nombre d'animaux de rente victimes du loup est inférieur a celui à la même période de l'année précédente: 58 moutons ont été tués, dont 9 sur des sites protégés, 16 en situations non protégeables, et 32 non protégés.

Parmi les mesures de prévention, la présence de chien de protection de troupeaux (CPT) a été intensifiée en alpage et sur les exploitations. Pour permettre cela, le canton a décidé de financer, en collaboration avec Arcadia (association suisse pour la sauvegarde du pastoralisme), un nouveau programme suivi de tests.

En effet, Agridea - mandatée par la Confédération pour fournir aux éleveurs des chiens dits officiels -, ne parvient pas à suivre la demande. Cette alternative a donc permis à ceux qui le souhaitaient d’acquérir leur propre chien, de le former et de valider sa sociabilité pour prévenir les accidents avec les promeneurs.

Actuellement, des discussions sont en cours avec Berne pour que ce nouveau concept soit reconnu et pris en charge au niveau fédéral.

Retrouver un équilibre

Cela étant, vu la croissance exponentielle du loup (environ 30% de plus par an), une régulation accrue est indispensable. D'une part, en raison de l'impossibilité de protéger certains pâturages, d'autre part, pour éviter une surenchère des moyens de protections, qui de toute manière seront insuffisants pour assurer une cohabitation réaliste, entre les éleveurs, le loup et même les randonneurs.

La révision partielle de l'ordonnance sur la chasse, entrée en vigueur le 1^er juillet, permet une régulation facilitée en cas d’attaque ou de menace imminente. Mais la loi s’assouplira surtout l’année prochaine, avec des mesures préventives. Les cantons établiront des quotas de loups à tirer annuellement. Il sera possible de les abattre, notamment les plus jeunes, sans qu’ils n’aient commis d’attaques au préalable.

« L’objectif est de retrouver un équilibre entre la présence du loup et la protection des troupeaux », souligne Gérald Dayer, chef du service de l’agriculture du Valais.

Pascale Bieri/AGIR

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