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A quand une votation proposant de passer une journée sur une exploitation?
Le soleil, enfin au rendez-vous, a mis en relief le contraste entre le thème retenu cette année, celui des déchets sauvages, et la foisonnante diversité des activités de nature développées sur le site Evologia de Cernier. Tant de belles choses… et tant de drames parfois, quand de vulgaires canettes en aluminium abandonnées, broyées par des machines agricoles, sont malencontreusement ingérées par tel ou tel animal, des vaches le plus souvent, occasionnant des blessures internes souvent fatales.
Trop abrupt de montrer ces blessures
"Si tous les déchets posent problème, cet aluminium est le plus dévastateur", relevait une agricultrice prestataire, "car il ne peut pas être repéré sur le champ avec de la détection par aimant. Et lorsque les classes viennent nous rendre visite, il n’est pas non plus possible de montrer des photos de ces blessures, car les enseignants sont déjà bien assez préoccupés par le fait de devoir expliquer que nous mangeons des animaux."
Présentes à Cernier, deux collaboratrices du Centre de compétences suisse contre le littering (IGSU), organisme partenaire de l’Union suisse des paysans depuis 2013, ont avancé le chiffre de 60 tonnes de déchets produites par un individu en Suisse sur la durée d’une vie. Le seul "littering" (de l’anglais "to litter"), soit le fait d’abandonner ses déchets sur la voie publique, occasionne pour 200 millions de francs d’investissement par an aux collectivités publiques, et ce, sans compter les interventions des agriculteurs, ou les frais de vétérinaires quand le mal est fait.
Suggérer des activités aux enseignants
Aucune réglementation uniforme n’existant au niveau national, à défaut de pouvoir rendre tangible l’ampleur du problème, qui plus est pour des enfants, un dossier pédagogique a été publié cette année par le Forum national L’école à la ferme. A côté des conseils délivrés aux agricultrices et agriculteurs pour lutter contre le phénomène, la brochure liste des activités possibles dans le cadre de ces visites de ferme: chercher une aiguille (ou autre petit objet en alu) dans une botte de foin, collecte et tri des déchets sur l’exploitation, jeu de rôle, construction d’un mémorial des objets ramassés avec pose d’affiches de prévention (que vous pouvez commander ici), etc. Là encore, rien ne peut se faire sans cultiver le dialogue avec l’enseignant, seul compétent pour thématiser cette problématique en classe.
Qui plus est, ce mardi-là, parmi la cinquantaine de prestataires partie prenante à la formation, tous se sont accordés pour ne pas transformer ce problème en thème principal de ces précieuses visites scolaires. Mieux vaut, selon eux, l’évoquer en filigrane, sans culpabiliser les enfants, mais, qui sait, en les félicitant s’il n’y a pas de déchets qui traînent à la fin de leur goûter!
Inverser le paradigme
En prime, s’il s’agit de préparer ces visites en amont, il pourrait aussi être question d’inverser le paradigme des votations: plutôt que de devoir inlassablement se mobiliser contre des initiatives souhaitant imposer aux familles paysannes de nouvelles contraintes, pourquoi ne pas récolter des signatures pour obliger, en quelque sorte, à une prise de conscience par la société de la réalité de leurs pratiques et obstacles professionnels? "Il faudrait une fois être proactif", suggère encore un autre exploitant, "et dire aux parents qu’ils ont le droit de ne pas oublier ce qu’on leur a appris en étant enfant".
Cette formule-là, aussi, a fait mouche. Et de deux!
Etienne Arrivé/AGIR
Plus d’info: ecolealaferme.ch et littering-recycling.ch