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Accidents en randonnée: une sensibilisation réussie dans les Franches-Montagnes
La saison passée, vous avez lancé une grande campagne de prévention sur les bonnes pratiques pour randonner en sécurité. En êtes-vous satisfait? La vague d’attaques a-t-elle pu être freinée cette année?
Parler d’une vague d’attaques, c’est peut-être trop fort… Mais, il est vrai qu’Agrijura a été mis au courant de plusieurs accidents en 2022 qui nous ont poussés à thématiser la problématique et à lancer une campagne sur les bonnes pratiques pour randonner en sécurité. Pour cette action, Agrijura a travaillé en étroite collaboration avec le Service de l’économie rurale, Jura tourisme, JuraRando et le Parc naturel régional du Doubs. Dans ce cadre, nous avons fait une conférence de presse qui a eu un écho médiatique très important et qui a donné une vraie visibilité à la campagne.
Vous avez accompli votre devoir de sensibilisation avec succès alors?
Nous sommes très satisfaits de notre action. Avec nos partenaires, nous avons aussi organisé plusieurs séances d’information destinées d’une part aux randonneurs et vététistes pour les sensibiliser au devoir d’adopter un comportement respectueux envers les animaux, de l’autre aux agriculteurs pour les rendre attentifs aux diverses obligations pour garantir la sécurité des touristes. Ces séances étaient un succès. Les gens sont venus en nombre. En parallèle de cette nouvelle campagne, les faitières nationales de nos organisations ont développé un nouveau flyer «parcours didactique» permettant de comprendre et de se familiariser avec le comportement des bovins. Ils ont découvert avec intérêt le matériel didactique, pris le temps d’écouter et de s’informer sur la thématique.
Du coup, zéro accidents cette saison?
Le zéro accidents est impossible. Cela dit, comme la saison des randonnées n’est pas encore terminée, nous n’avons pas encore le bilan définitif des accidents enregistrés par nos différents partenaires. Pour l’heure, un seul incident, sans gravité, a été enregistré dans le Clos du Doubs.
Y a-t-il une véritable hausse des accidents ces dernières années dans le Jura et comment l’expliquer?
Oui. Et, il y a plusieurs explications à cela. D’abord, le nombre de vaches-mères a augmenté de 25% en quinze ans, particulièrement dans les Franches-Montagne. Or, ce sont surtout les vaches allaitantes qui peuvent devenir agressives pour protéger leurs petits. Cet instinct maternel est particulièrement décuplé dans les premiers mois après le vêlage, coïncidants souvent avec l’arrivée des beaux jours. Ensuite, l’affluence de randonneurs et cyclistes dans les prairies et les pâturages est en hausse ces dernières années. Parfois, il arrive qu’un touriste traverse un pâturage, sans voir le veau couché à même le sol. Il est alors perçu comme un danger par la vache. Puis, la présence des loups, également de plus en plus forte, n’arrange rien à la situation. Les bovins réagissent plus fortement à la vue d’un chien de touriste, le confondant avec un prédateur, ce qui augmente sensiblement le risque d’un potentiel conflit. Enfin, la politique agricole favorable aux systèmes de détention en stabulation libre fait que les animaux sont aujourd'hui peut être un peu plus sauvages. Ils ont moins de contacts avec l’humain, comme cela pouvait être le cas par le passé à l’étable où ils étaient attachés.
Pouvez-vous rappeler la bonne conduite à avoir en tant que touriste afin d’éviter un incident?
Lorsque des randonneurs ou des cyclistes tombent nez à nez avec un troupeau, les trois règles d’or sont: restez à distance des bovins, ne jamais toucher les veaux, tenir les chiens en laisse. Du côté des amateurs de VTT électriques, il est important qu’ils réalisent que traverser un champ à toute vitesse peut stresser un animal qui peut ensuite avoir un comportement agressif. La bonne attitude à avoir, c’est de rester sur les sentiers balisés, dédiés aux VTT électriques. En outre, les touristes doivent lire attentivement les panneaux d’avertissement présents sur les différents sites de randonnées, à l’image des panneaux verts traditionnels qui rappellent les bons comportements au moment d’entrer dans un pâturage clôturé.
Et le propriétaire de bovins, quel comportement doit-il avoir?
Les propriétaires d’animaux ont des responsabilités juridiques selon le code civil. Ils doivent procéder à une analyse des risques en planifiant et en mettant en œuvre des mesures appropriées dès qu'un sentier pédestre traverse leurs pâturages, s’ils ne veulent pas être tenus pour responsable en cas d’accident provoqué par un animal. Par exemple, les agriculteurs doivent s’assurer que les barrières de protection du troupeau puissent être facilement manipulables par les randonneurs au niveau des entrées/sorties du pâturage. Il est aussi important qu’ils tiennent informé les touristes de la présence de vaches allaitantes via des panneaux d’avertissements. Par ailleurs, si un bovin est identifié comme agressif déjà à l’étable, il faut essayer de le sortir du troupeau, ne pas le garder dans les pâturages fréquentés.
Kalina Anguelova/AGIR