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«Beaucoup de consommateurs ne savent pas comment sont fabriqués les produits du terroir»
Pierre-Alain Bapst, racontez-nous l’histoire de cette association créée en 1999.
C’est au milieu des années nonante qu’a débuté la réflexion autour de sa création. On vivait une période durant laquelle l’agriculture était soumise à une certaine pression. Beaucoup de discussions tournaient autour de l’ouverture des frontières, du GATT qui est ensuite devenu l’OMC (ndlr: l’Organisation mondiale du commerce) ou encore de libéralisation des contingents. Tout cela suscitait certaines craintes dans le milieu agricole. Sur Fribourg, il y a eu une volonté politique de modifier la Loi sur l’agriculture pour permettre à l’Etat d’investir un certain montant financier à travers la création d’une association. Puis Terroir Fribourg a officiellement vu le jour le 5 novembre 1999.
Et aujourd’hui, qui sont les membres de l’association?
Terroir Fribourg compte aujourd’hui 250 membres, environ 150 sous forme individuelle, comme la fromagerie du village, la boucherie ou la boulangerie, et une centaine de membres collectifs, par exemple les interprofessions du Gruyère, du Vacherin Fribourgeois, de la Poire à Botzi ou celle de la Cuchaule, donc des interprofessions ou des associations faîtières actives sur le plan cantonal.
À quelles prestations ont droit ces membres?
Nous avons un barème de cotisations qui varie en fonction de la taille de l’entreprise. Tout d’abord, il y a plusieurs projets visant à renforcer les filières et augmenter la présence des produits locaux dans la distribution. Ensuite, il y a tout ce qui touche à la communication au sens large. Nous nous sommes énormément développés sur les réseaux sociaux. Nous y diffusons des portraits, on y montre les coulisses des métiers des différents producteurs fribourgeois. Notre communauté apprécie énormément cela. Aujourd’hui, beaucoup de consommateurs ne savent pas comment sont fabriqués ces produits. Et à travers les réseaux sociaux, nous avons la possibilité de valoriser le savoir-faire en montrant comment un fromage est fabriqué ou comment une saucisse est produite.
Les membres peuvent bénéficier de différentes choses, comme la location de matériel à un tarif préférentiel, par exemple des caquelons et des réchauds pour des soirées fondue ou encore des remorques frigorifiques, des tables et des chaises et tout autre matériel pour faciliter la vie de nos membres lorsqu’ils organisent de petits événements locaux.
Enfin, nous offrons la possibilité aux producteurs de figurer sur notre site internet. Ceux-ci n’ont pas toujours la structure ou les ressources nécessaires pour gérer une présence sur le web. Notre site est populaire avec plus de 150’000 visites par année et il est très bien référencé. Ainsi, lorsque l’on fait une recherche sur une boulangerie villageoise ou une fromagerie régionale, on tombe rapidement sur les coordonnées, les heures d’ouverture, un bref descriptif de l’établissement et quelques photos, ceci permet une mise en réseau des consommateurs et des producteurs.
La digitalisation a changé beaucoup de chose en 20 ans...
Oui c’est vrai. Mais nous ne sous-estimons pas la valeur des imprimés. Nous avons encore créé un nouveau petit magazine, la Gazette du terroir, que nous publions deux fois par année. Aujourd’hui, tout le monde est submergé d’informations, et nous trouvons important, deux fois par année, de proposer un imprimé. Cela permet à nos membres, qui sont des gens qui s’arrêtent volontiers au moment du déjeuner ou du dîner, de pouvoir prendre le temps de découvrir des informations sur notre association.
La fondue et les meringues à la crème double de Gruyère sont des stars fribourgeoises. Y-a-t-il une volonté de mettre en avant d’autres produits du terroir?
Nous avons un bel exemple avec la promotion “Apéro fribourgeois”. Dans six villes fribourgeoises, un établissement accueille, une fois par mois, un apéro durant lequel on met à l’honneur les vins fribourgeois, du Vully et de Cheyres, accompagnés d’une planchette de produits fribourgeois. Les retours sont extrêmement positifs. Beaucoup de Fribourgeois ne pensaient pas, au moment de l’apéritif, consommer du vin fribourgeois et des produits locaux. Nous savons que c’est un peu le point faible sur Fribourg. Alors que c’est quelque chose que les Valaisans font très bien. Là-bas, la question ne se pose pas. On vous propose uniquement des vins valaisans, un pain de seigle et de la salaison valaisanne. C’est donc important d’aller, au moment de l’apéritif, vers une population urbaine, pour la sensibiliser à la consommation de produits locaux.
Quels événements marquent cette année anniversaire?
Notre présence à la Fête des Vignerons fut un point fort. C’était, pour nous, une promotion extraordinaire. Nous avons eu la possibilité de présenter nos produits sous un aspect qualitatif à une grande partie de la population suisse. Le principe des journées cantonales nous a permis de toucher chaque jour un public différent, avec un message spécifique aux Saint-Gallois, aux Bâlois, aux Valaisans, etc. C’était une magnifique plateforme. Les retours reçus des Fribourgeois étaient excellents. Ils étaient fiers de cette présence à la fête. Ceux des visiteurs étaient également très bons. Pour les Suisses alémaniques, la possibilité de pouvoir consommer de la fondue ou de la double crème de la Gruyère n’est pas donnée tous les jours. Beaucoup attendaient leur visite à la Fête des Vigneron pour le faire.
Et vous célébrez également durant le Salon Suisse Goûts et Terroirs à Bulle qui débute aujourd’hui…
Oui. C’est une manifestation qui a 20 ans également. Nous avons commencé ensemble. Et cette année, nous avons le plaisir d’être l’invité d’honneur. Donc en plus de notre présence habituelle, soit environ 25 artisans et la pinte fribourgeoise qui propose les mets traditionnels, nous disposons d’environ 300 m2 carrés supplémentaires. On y montre des aspects différents du terroir, par exemple avec une restauration qui sera plutôt axée sur l’aspect local que sur le côté traditionnel. Nous proposons, par exemple, un petit feuilleté avec des escargots fribourgeois ou encore un mini burger avec de la viande d’agneau. Il nous tient à cœur de montrer ce côté régional, mais aussi la modernité que l’on peut trouver dans les produits du terroir fribourgeois.
De plus, demain 31 octobre, nous avons convié tous nos membres et d’autres invités pour marquer officiellement nos 20 ans. Durant la partie officielle, nous présenterons un rapport élaboré avec la Haute école de gestion de Fribourg. On y trouve plusieurs axes de travail pour le futur. Puis une table ronde avec plusieurs artisans aura comme objectif de répondre à deux questions: ce que l’association a apporté jusqu’ici et ce qu’elle peut apporter dans le futur.
Justement, de quoi sera fait l’avenir de Terroir Fribourg?
Nous allons poursuivre notre vision que nous développons depuis un peu plus de 3 ans maintenant, à savoir être l’association de référence pour la promotion des produits agroalimentaires et ceci notamment avec le label “Certifié Terroir Fribourg”. Nous souhaitons augmenter fortement la présence de ces produits dans la restauration collective. Nous sommes d’ailleurs en contact étroit avec les différents organes politiques dans ce cadre-là.
Enfin, nous souhaitons poursuivre le virage entrepris il y a plus d’une année en ce qui concerne la communication. Aujourd’hui, les membres sont eux-mêmes très présents dans les diverses foires et manifestations. Nous pouvons donc nous retirer quelque peu de ces événements, mais nous devons augmenter notre effort dans des directions où nos membres sont moins actifs, soit la communication d’une manière générale et notamment sur les supports digitaux.
Propos de Pierre-Alain Bapst recueillis par Loïc Delacour, AGIR