Est-ce important de sensibiliser les jeunes à l’agriculture et à l’alimentation durable?

Oui, c'est extrêmement important. On voit de plus en plus apparaitre des débats de société autour des défis qui attendent ces secteurs. C'est extrêmement important que les élèves aient accès aux bonnes connaissances, aux bons outils pour pouvoir comprendre ces questions-là. Ils représentent l’avenir. Ils sont les futurs citoyennes et citoyens, ils doivent pouvoir faire aussi les bons choix en faveur d'une alimentation et d'une agriculture durable.

Qu'est-ce qu'une agriculture et une alimentation durables?

Une agriculture durable tient compte des défis environnementaux actuels, tout en garantissant des conditions de travail et de rémunération dignes aux productrices et producteurs. D'une agriculture durable découle une alimentation durable. Elle permet aux aux consommatrices et aux consommateurs d'avoir accès à une nourriture de proximité, de saison, qui a été produite de façon respectueuse et qui leur garantit aussi une bonne santé.

Quel est votre rôle au sein de la Cellule durabilité, du Département de l'enseignement et de la formation professionnelle (DEF) du Canton de Vaud, créée en 2020?

Notre objectif est de faire de l’école vaudoise un modèle de durabilité. Cela passe par une évolution des pratiques au sein des écoles (mobilité, restaurants scolaires, etc.) et une optimisation des lieux de formation (énergie du bâtiment, végétalisation, etc.). Il s’agit également de promouvoir des approches pédagogiques comme l'enseignement à l’extérieur qui soutient l'éducation à la durabilité, de renforcer les contenus d’enseignement et d’amener de nouvelles ressources afin de préparer les jeunes de l’enseignement obligatoire et post obligatoire aux enjeux socio-environnementaux du 21e siècle. 

Combien d’établissements sont concernés?

L’ensemble des établissements de l’enseignement obligatoire et post obligatoire du Canton, soit quelque 120 établissements, 13'000 professionnels de la formation et plus de 120'000 élèves ou jeunes en formation qui emprunteront ensemble la voie d'une école durable.

Quelle place tient l'alimentation et l’agriculture au sein de l’école vaudoise?

Nous n’avons pas de statistiques sur le nombre de projets durables abordant les questions de l’alimentation et de l’agriculture, mais je peux vous assurer que ces thématiques tiennent une place importante. Elles sont explicitement inscrites dans les plans d'études pour lesquels il y a des objectifs d'apprentissage. Elles sont très souvent abordées par les enseignants parce qu’elles sont parlantes et tangibles pour les élèves. De plus, la présence de plus en plus répandue de potagers pédagogiques témoigne d’un engouement pour ce dispositif pédagogique permettant d’aborder concrètement les questions d’alimentation et d’agriculture directement dans les cours d’école.

Est-ce qu'il y a une volonté de la part du DEF de développer davantage ces thématiques?

Oui, il y a la volonté de pouvoir développer et renforcer la présence de ces thématiques dans les écoles à travers différents projets pédagogiques. Dans le cadre du renforcement du Plan climat vaudois que le Conseil d'État a annoncé en juin 2023, il y a une mesure emblématique sur la question de l'alimentation et de la restauration collective. C'est en particulier une volonté de notre Chef de département qu’il va falloir développer dans le cadre de la demande de crédits qui interviendra l'année prochaine au Grand Conseil.

Concrètement comment cette volonté va-t-elle s’exprimer?

Pour l’heure, je ne peux pas vraiment vous en dire plus, le projet étant en préparation. Mais, nous allons certainement nous mettre à la page avec les dernières connaissances en matière d’alimentation et d’agriculture durable. Voir comment mettre en place de nouvelles ressources pour l’enseignement, renforcer le soutien des projets au sein des établissements.

Les établissements ont leur référent durabilité. Une fierté pour le Canton?

Depuis 2021, les écoles sont amenées à nommer un référent durabilité afin que cette personne puisse faire le lien entre la Cellule durabilité et son établissement et nous aider à mettre en œuvre le projet d’école durable. On peut dire que le Canton de Vaud est plutôt précurseur en la matière, nous en sommes fiers.

Le Plan d’études romand met-il suffisamment l’accent sur l’alimentation et l’agriculture durable?

Au niveau de l'enseignement obligatoire, les objectifs d'apprentissage en lien avec l’alimentation et l’agriculture sont clairement cités pour certains degrés et disciplines et sont suivis par les enseignants. Au niveau de l’enseignement post obligatoire, il y a toujours des possibilités de raccrocher des objectifs d'apprentissage à la question d'alimentation et d’agriculture. Dans tous les plans d'études, il est attendu que les élèves prennent conscience de l'impact des activités humaines sur l’environnement. Et les sorties sont encouragées, avec une mise en action des élèves. Pour la Cellule durabilité, c’est vraiment quelque chose d’important. Il est vrai que c'est plutôt les petites classes qui vont, par exemple, visiter une ferme, via notamment des projets comme L'école à la ferme. Je tiens à souligner cependant que des projets se développent dans tous les degrés: l’année passée par exemple, des classes de 10-11e du Mont-sur-Lausanne se sont rendues plusieurs semaines d’affilé dans une coopérative maraichère locale, tandis que l’Ecole technique des métiers de Lausanne a organisé deux semaines thématiques sur la question de l'alimentation saine et durable. Entre conférences et ateliers pratiques, les élèves avaient accès aux bonnes connaissances.

Propos recueillis par Kalina Anguelova/AGIR